Voici la suite d’Œdipe-Roi (pour accéder directement au
billet et au livre en ligne, cliquez ici),
comme je l’ai annoncé dans le billet ayant pour titre : Mythes et Légendes de la Grèce antique :
Œdipe et Antigone (pour y accéder directement, cliquez ici) :
accessible à la
lecture/téléchargement en cliquant ici
Format : pdf
Langue : Français
Comme je suis un peu paresseuse aujourd’hui je vais
recopier ci-dessous la notice sur cette tragédie grecque dont vous connaissez
déjà toute l’histoire ;) – il est donc inutile que j’en fasse un court
résumé par moi-même (surtout quand des professionnels l’ont fait avant moi) ;p
à la suite duquel vous trouverez quelques mots concernant la traduction de
cette tragédie…
Nous sommes à Thèbes. Les deux fils d’Œdipe, Etéocle et
Polynice, viennent de s’entre-tuer ; le pouvoir revient à leur oncle Créon ;
celui-ci décrète qu’on rendra les honneurs funèbres à Etéocle qui défendit la
cité, mais que Polynice, ayant porté les armes contre son pays, sera privé de
tombeau. On sait l’importance de l’ensevelissement dans les religions antiques ;
l’âme errait, malheureuse, sur les bords du Styx, quand le corps n’avait pas
été inhumé ou brûlé selon les rites. Antigone, fille d’Œdipe, n’abandonnera
donc pas la dépouille de son frère aux oiseaux de proie. Malgré l’édit de
Créon, sachant qu’elle s’offre à la mort, elle rendra les derniers devoirs à
Polynice. Surprise, tandis qu’elle fait les libations autour du cadavre, on la
mène devant le roi, qui ordonne de l’enfermer, vivante, dans une tombe.
Hémon, fils de Créon et fiancé d’Antigone, a beau
supplier son père, la sentence est exécutée. C’est alors que vient le devin
Tirésias qui prédit au roi, s’il s’obstine, les pires calamités. Créon s’emporte,
d’abord ; puis il cède, effrayé, et part pour délivrer Antigone ;
mais la jeune fille s’est pendue dans le tombeau ; Hémon se tue près d’elle
après avoir voulu frapper son père. Eurydice, femme de Créon, se suicide quand
elle apprend ces malheurs, et le roi lui-même, à moitié fou, appelle la mort.
*
***
Le conflit entre les lois divines et les lois humaines
fait el sujet de la pièce. Les dieux veulent que Polynice soit enseveli.
Antigone se sacrifiera pour accomplir le geste que réclame la religion. A Créon
qui lui demande comment elle a osé braver ses édits, vois ce que répond la
fille d’Œdipe :
C’est que Zeus n’avait point proclamé cet
arrêt.
Celle qui vit avec les dieux d’en-bas,
Diké,
n’avait point établi cette loi pour les
hommes,
et je ne croyais pas tes édit – qui ne
viennent
que d’un mortel – assez forts pour
enfreindre
les lois sûres, les lois non écrites des
dieux.
Le caractère d’Antigone est assez complexe. Elle n’a
point cette fougue dans l’accomplissement du devoir qui éclate chez les héros
cornéliens ; elle est sensible et réfléchie ; c’est à force de
volonté qu’elle triomphe de son cœur de femme. Au début, elle s’adresse à
Ismène avec tendresse ; elle se plaint de la destinée, mais, devant les
hésitations de sa cadette, elle se fâche, persifle, et va jusqu’à l’insulte.
Avec Créon, elle se montre, d’abord, d’un calme parfait ; elle répond avec
hauteur et simplicité. Puis elle raille amèrement:
Tu m’as prise. Veux-tu rien de plus que ma
mort ?
Elle blâme vertement la lâcheté des vieillards :
Et tous ici m’approuveraient
si la peur ne fermait leur bouche.
Dans sa seconde entrevue avec Ismène, elle est pour
celle-ci d’une extrême dureté ; elle a quelque chose de farouche. Au fond,
malgré tous les malheurs qu’elle a soufferts, elle regrette la vie ; elle
le criera, d’ailleurs, au moment qu’on l’entraînera vers la tombe :
Je m’en vais sans être pleurée,
Sans nulle amitié, sans amour…
Ce qui la réconforte, c’est la pensée d’être bien accueillie
par ses parents disparus :
Mais, du moins, j’ai l’espoir, qu’arrivant
chez Hadès,
vous m’accueillerez avec reconnaissance,
O père, ô mère, ô frères aimés !
Elle regrette le soleil et l’hymen :
Par Hadès, l’Endormeur, je me voix
entraînée,
vivante,
au bord de l’Achéron,
alors que je n’ai rien connu de l’hyménée…
Antigone ne paraît donc pas simplement héroïque comme un
personnage de Corneille ; elle n’est pas non plus la simple femme de
Racine. Elle a ce que n’ont guère les créatures de nos deux tragiques : le
souci des grands problèmes. Elle se demande qu’elle est la vraie pensée des
dieux. A Créon qui expose sa morale d’homme et de roi, elle répondra :
Qui sait si, chez les morts, ces maximes
sont justes ?
En face d’Antigone, nous voyons Ismène, craintive, mais
courageuse au fond, qui, après avoir blâmé l’audace de sa sœur, demande à
suivre celle-ci dans la mort ; Créon, cruel quand il se croit fort,
tremblant dans l’adversité, parfois comique ; Hémon – d’abord soumis,
respectueux ; puis, emporté, mordant, quand son père se montre intraitable
– parfait amant don, chose étonnante, Antigone ne prononce jamais le nom ;
Tirésias, majestueux, profond et menaçant, comme il sied aux interprètes de la
pensée divine ; enfin, le chœur des vieillards qui montre la couardise et
la coupable légèreté de la foule, lente à comprendre ce qui se passe, toujours
prête à changer d’opinion.
*
***
Quand il s’agit de rendre en français un texte ancien, il
faut choisir entre deux méthodes. Si l’on veut, avant tout, faire œuvre artistique,
il est bon de ne pas suivre de trop près le texte original, de couper ce qui
paraît long, ce qui déroute notre goût moderne, ne conservant pour le lecteur
que les beautés sans rides, d’ailleurs innombrables chez les auteurs grecs.
Mais, si l’on se propose, comme c’est ici le cas, de donner une traduction pure
et simple, on ne doit épargner à celui qui la lira, ni les répétitions, ni les
sentences, ni les expositions mythologiques. On trouvera donc tout cela dans
les pages qui vont suivre.
Une autre question se pose, délicate à résoudre. Comment
traduire le vers grec ?
Si la prose honnête ne suit que difficilement le rythme,
le mouvement lyrique de ces tragédies qu’accompagnaient – ne l’oublions pas –
la musique, il est certain, aussi, que le vers rimé oblige le traducteur,
tantôt à employer d’inutiles périphrases, tantôt à dérober aux mots grecs, qui
évoquent tant d’images, une grande partie de leur riche signification ; c’est
de quoi nous nous sommes rendu compte en traduisant le « Prométhée » d’Eschyle qui a paru
dans cette même collection. Devant ces difficultés, nous avons pris un moyen
terme : nous avons adopté le vers blanc, employant presque toujours l’alexandrin,
mais n’hésitant pas à nous servir des mères de dix et huit syllabes, quand ils
suffisaient, par miracle, à rendre les vers grecs correspondants.
Restaient les parties lyriques qui, selon nous, appellent
la rime ; nous les avons rimés, souvent avec une indigence dont nous
tenons à nous excuser. Qu’on nous pardonne nos imperfections, en songeant à la
dure contrainte que subit un traducteur fidèle, à chaque page, à chaque vers.
Voilà, vous savez tout maintenant sur Œdipe et Antigone ;)…
Bonne lecture !
Bisous,
@+
Sab
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