22 février 2013

Edgar Allan Poe : Manuscrit trouvé dans une bouteille


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Pour une meilleure lecture, n’hésitez pas à cliquer sur l’image !
 
Ah que coucou !
 
Oui. Comme vous vous en apercevez, j’ai changé exceptionnellement d’image en entête. Pourquoi ? Tout simplement pour que vous puissiez accéder à une biographie simple et courte de cet écrivain américain de génie. Cette image provient de la couverture du recueil « Les Nouvelles Histoires Extraordinaires » qui, comme vous le savez déjà, regroupe toutes les nouvelles que je mets actuellement en ligne… D'ailleurs aujourd’hui je vous propose :
 
Le Manuscrit trouvé dans une Bouteille
accessible à la lecture/téléchargement en cliquant ici
Format : pdf
(logiciel fourni gratuitement par son concepteur : Adobe)
Langue : français
 
dans lequel E. A. Poe nous place sur un navire, un navire qui disparait corps et biens dans l’Océan, un navire qui sombre, un navire où se trouvent des passagers… parmi eux un des passagers promet d’enfermer son journal dans une bouteille et de le mettre à la mer avant le tout dernier moment afin de décrire exactement et correctement toutes les étapes différentes qui mènent à l’horrible fin…
 
Ce sublime témoignage peut nous laisser croire qu’Edgar Allan Poe a déjà vécu une telle expérience (surtout pour ceux et celles qui, comme moi, ne se sont jamais retrouvés en plein naufrage)… En effet, on y lit toute la détresse et la résignation qu’une personne doit ressentir certainement à ce moment-là. Toutefois je doute fort qu’Edgar Allan Poe se soit lui-même retrouvé dans une telle histoire… ceci révèle, une nouvelle fois, tout son génie ainsi que celui de son traducteur officiel : notre Charles Baudelaire national !
 
Bonne lecture !
 
Bisous,
@+
Sab

21 février 2013

19 : La Bonne Fée Marguerite remet Merlin à sa place


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Ah que coucou!
 
Oui, les enfants. Comme je vous l’avais laissé comprendre la semaine dernière, Merlin l’Enchanteur faisait avec Babeth les mêmes erreurs qu’il avait faites avec Morgane il y a bien longtemps. C’est pour cela que la Bonne Fée Marguerite avait décidé de rappeler à Merlin ses obligations non seulement de professeur, mais aussi d’enchanteur œuvrant pour le Bien.
 
C’est donc à un coin de la forêt magique que la Bonne Fée Marguerite décida d’attendre Merlin afin de pouvoir discuter avec lui sans que Babeth ne soit présente… La Bonne Fée Marguerite profita de cette attente pour discuter avec les nymphes de la nouvelle occupation de Merlin. C’est ainsi qu’elle apprit que les nymphes ne discutaient plus avec Merlin depuis plusieurs mois ce qui leur causaient bien des soucis. Oui, les enfants, en tant qu’enchanteur, Merlin doit mettre ses pouvoirs magiques à la disposition de toutes les nymphes afin qu’elles puissent protéger correctement la Nature quand leurs pouvoirs ne sont pas suffisants… et depuis qu’il enseigne la magie à Babeth, il a tendance à oublier ses devoirs…
 
« De plus », se plaint Roseline la nymphe des roses et des buissons, « Merlin est à nouveau tête en l’air depuis qu’il joue au professeur avec Babeth.
- Quand je l’ai croisé hier, non seulement il ne m’a pas vue, ajoute Capucine la nymphe des glands et des fruits des bois, mais il a, en plus, écrasé 2 abeilles qui prenaient quelques secondes de repos au bord du chemin parce qu’il avait le nez dans ses grimoires et ne regardait pas où il posait ses pieds !
- Je lui en parlerais aussi », promit alors la bonne Fée Marguerite.
 
Au bout d’un moment, Merlin apparut au détour du chemin. La Bonne Fée Marguerite le vit, et parce que Merlin, rêveur, donnait l’impression de ne pas la voir, elle décida de l’appeler. Une première fois. Merlin ne sortait pas de ses rêveries et continuait à marcher sans faire très attention où il allait. Une seconde fois, Merlin arrêta son pas pour regarder sous un de ses pieds. Une troisième fois, Merlin demanda : « Qui m’appelle ? » A ces mots, la Bonne Fée Marguerite s’approcha de Merlin en lui criant : « C’est moi ! Marguerite. »
Merlin fit plusieurs fois des tours sur lui-même avant de remarquer où se trouvait la Bonne Fée Marguerite, qui, inquiète, s’était mise à flotter devant ses yeux.
 
« Tout se passe bien, Merlin ? demande la Bonne Fée.
- Oui. Je viens de lire un passage très intéressant sur la façon de lancer un sortilège simple. J’avais complètement oublié qu’on pouvait faire ainsi aussi. C’est Babeth, tout à l’heure, qui m’y a fait repenser.
- Justement, Merlin. Parlons un peu de Babeth ! Apprend-elle bien ? Ne te pose-t-elle aucun problème ?
- Non, il n’y a aucun problème et tu sais combien j’ai toujours aimé enseigner. Et bien, avoir Babeth comme élève est un vrai délice. Elle est attentionnée, elle écoute tout ce que je lui apprends et retiens bien ce que je lui explique parce qu’elle comprend parfaitement.
- Et que lui enseignes-tu exactement ?
- Ce dont elle a besoin pour se défendre, comme cela en avait été décidé.
- Justement, rétorque la Bonne Fée Marguerite, j’ai entendu dire que tu le lui enseignais TROP bien.
- Qu’entends-tu par ‘’trop bien’’ ? interroge Merlin.
- On m’a raconté que lors d’une leçon, vous êtes sortis pour des travaux pratiques et avaient fait quelques dégâts dans l’école des fées…
- C’était entendu que pour le bien des élèves et celui de Babeth, des ‘’attaques’’ devaient être organisée.
- Oui, » acquiesce la Bonne Fée Marguerite, « mais il faut que les professeurs des fées soient avertis au préalable de la date de ces exercices !
- Comment veux-tu que nos jeunes et futures fées soient prêtes à se battre contre les sorciers à n’importe quel moment de la journée, si leurs professeurs les avertissent qu’elles doivent se préparer parce qu’il va y avoir une attaque tel jour à telle heure ?! » commence à s’énerver Merlin.
 
Et une dispute débuta entre ces deux puissants de la magie.
 

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Après quelques sorts de transformation lancés par l’un comme par l’autre, après quelques formules d’apparitions d’animaux féériques qui ne comprenaient pas pour quels motifs la Bonne Fée Marguerite et Merlin l’Enchanteur les avaient fait apparaître, Merlin accepta le fait de devoir avertir les responsables de l’école des fées avant d’organiser une ‘’attaque de l’école avec Babeth’’.
 
« Au fait », ajouta la Bonne Fée Marguerite, « les nymphes se plaignent aussi que tu ne fais plus ton travail d’enchanteur et que tu ne les aides plus depuis que tu as commencé à donner des cours à Babeth. Il paraît même que tu as tué accidentellement 2 abeilles qui se reposaient.
- Première nouvelle, répond Merlin. Si j’avais tué des abeilles, même accidentellement, je m’en serais aperçu !
- Comme tu t’es enfin aperçu que je t’appelais et que j’étais devant ton nez ? » demande la Bonne Fée Marguerite en souriant. « Je t’ai observé tout à l’heure quand tu marchais sur le chemin. Et bien tu devrais remercier le ciel qu’il n’y ait aucun obstacle parce que tu ne regardes pas où tu vas ! et tu devrais aussi remercier le ciel qu’il n’y ait pas de sorcier qui te tende un piège parce que tu rêvasses et ne portes aucune attention à ce qui se passe autour de toi.
- C’est parce que j’anticipe mes pas que je peux me perdre dans mes réflexions pendant ma marche, » rétorque Merlin.
 
Et une nouvelle discussion mêlée de sarcasmes s’ouvre à nouveau entre les deux protagonistes… mais parce que Merlin sait pertinemment que la Bonne Fée Marguerite est plus puissante que lui car une fée est plus forte qu’un enchanteur, Merlin décide d’utiliser la diplomatie et promit qu’il ferait plus attention aux choses qui se déroulent à côté de lui. Quant aux nymphes, Merlin ne changea rien à ses paroles : il ne les aide pas parce qu’elles ne lui demandent pas d’aide.
 
Bisous,
@+
Sab

20 février 2013

Astronomie : Antennes d’Atacama bientôt en fonction…


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Ah que coucou !
 
Pourquoi aujourd’hui il n’y a pas le 19e épisode des Aventures de Babeth, la petite sorcière en ligne ? Explication dans le post-scriptum, les enfants.
 
Pour les amoureux de l’astronomie, voici une date qu’il ne faut pas oublier :
 
13 mars 2013
 
car, comme l’indique la vidéo de l’AFP ci-dessous
 
 
 
« le plus grand projet astronomique terrestre, le Vaste réseau d’antennes millimétriques d’Atacama (ALMA), sera inauguré le 13 mars. »
 
Mais bon, que sont ces « antennes millimétriques » ? Et bien, souvenez-vous, j’en ai parlé déjà dans un précédent billet dont le titre est :
 
Amas de galaxies en collision dévoilé
(par y accéder, cliquez ici)
 
quand j’abordais l’interféromètre basse fréquence : LOFAR.
 
Et bien une antenne millimétrique tel qu’ALMA est le plus puissant télescope qui existe au monde et qui permet d’étudier l’Univers en reconnaissant les ondes ultra-courtes (là on nous parle de µ et de millimètre). Mais si vous voulez plus de détails concernant ces antennes, je vous conseille le site d’ALMA (bref de vous informer directement à la source ;)), en cliquant ici. Certes les explications sont en en anglais (tout en pouvant être accessible en espagnol pour ceux qui comprennent mieux cette langue que celle de Shakespeare et des Beatles), toutefois les informations sont plus que très compréhensibles. C’est-à-dire qu’il n’est pas nécessaire de savoir parler aussi bien que Sir Arthur Conan Doyle (oui, comme vous l’avez remarqué son vocabulaire est très riche) pour pouvoir comprendre les explications ;) !
 
Bisous,
@+
Sab
 
PS : les enfants, le prochain épisode des Aventures de Babeth, la petite Sorcière sera mis en ligne demain. En effet, il parait que dans ce 19e épisode relatant la conversation entre Merlin et la Bonne Fée Marguerite, j’ai oublié quelque chose… alors ce mercredi soir, 2 des adolescents à qui je narrais ces aventures quand ils étaient petits, vont faire appel à leur mémoire pour que cet épisode soit complet aux dires de son premier public ! Cela retarde donc de 24 heures la mise en ligne de cet épisode…

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19 février 2013

C.A.F. : Devons-nous taxer les allocations ?


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Ah que coucou !
 
A l’heure où le chômage augmente, où il manque en France plus de 500.000 postes pour donner du travail à tous les chômeurs, où le gouvernement ne chasse pas le gaspillage financier et fait tout le contraire (augmentation des frais : trop de ministres, ambassades vivant tel que le faisait Louis XIV et sa cour, monopole d’achat, etc.), la Cour des Comptes propose de taxer les allocations familiales (soi-disant pour renflouer les caisses de l’Etat) – pour accéder à l’article, cliquez ici.
 
Si dans un premier temps on peut estimer louable le fait de vouloir réduire les coûts de l’Etat, j’estime qu’il faut commencer par le début ! La solidarité doit être faite par tous et non toujours par les mêmes ! car qui sera touché par ce nouvel impôt ? la population qui est déjà la plus touchée par la crise économique mondiale : les chômeurs et les bas salaires… qui ne sera pas concerné par cette mesure de « solidarité » : les responsables du mauvais état du budget de la France, soit le Président, ses ministres, les députés, les sénateurs ! Toutes ces personnes qui refusent d’abaisser leurs salaires par mesure de solidarité et augmentent le déficit de la France en s’octroyant des augmentations de salaires pour préserver leur pouvoir d’achat !
 
Par contre, oui, il y a des choses à changer dans les montants des Allocations familiales ! Il s’agit du montant que perçoit une famille ayant plus de 3 enfants, dont les parents sont au RsA qui gagnent beaucoup plus qu’un ménage au SMIG ayant 3 enfants ! Il faut simplement réduire les allocations du premier par mesure de justice financière. Cette économie faite permettra de donner une partie aux célibataires au RsA (qui ne touchent même pas de quoi vivre et d’investir dans leurs recherches d’emploi en même temps et qui sont donc condamnés à vie à rester au chômage…).
 
Quoi qu’il en soit, taxer les allocations familiales ne réduira pas le déficit budgétaire de la France et je crains même qu’elle l’augmentera, car ces responsables stupides estimeront avoir une nouvelle source financière supplémentaire pour dépenser encore plus !!!
 
Décidément la Cour des Comptes, depuis quelques temps, devrait ne s’occuper qu’à surveiller les dépenses de l’Etat et NE PAS FAIRE CE DONT ELLE N’EST PAS CAPABLE : à savoir, NE PAS PROPOSER DES COUPES BUDGETAIRES !! Un COMPTABLE COMPTE et NE doit PAS être obligé de faire autre chose !!!
 
Bisous,
@+
Sab

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18 février 2013

Mythes et légendes de la Grèce Antique : Sisyphe

Ah que coucou !
 
Aujourd’hui je vous propose un nouveau mythe de la Grèce antique nous narrant l’histoire du roi Sisyphe
 
Dans l’Antiquité, les hommes craignaient les dieux, ou tout du moins ils craignaient la mort. Seul Sisyphe, un roi rusé, n’avait peur ni des uns ni de l’autre.
Il avait fondé la riche cité de Corinthe et bâti un superbe palais. La demeure royale était magnifique, mais il y manquait une source et Sisyphe se demandait comment en obtenir de l’Olympe. La chance l’y aida.
Le Destin, qui gouverne les dieux aussi bien que les hommes, fut responsable d’une dispute entre Asôpos, divinité du fleuve, et Zeus. Comme ce dernier s’était caché, son adversaire ne put le retrouver.
Sisyphe ayant entendu parler des mésaventures d’Asôpos, apprit par une ruse la cachette du roi des dieux et la lui livra.
« Je ne sais où se trouve le refuge de Zeus, et je serais heureux de te l’indiquer si en échange tu m’apportais ton concours. J’ai construit un palais mais il n’y a pas d’eau et mes serviteurs doivent aller la chercher dans des puits éloignés. Aide-moi et je t’aiderai ».
Asôpos consentit au marché. Il alla au palais, toucha une pierre dans la cour et une source d’eau fraîche jaillit du rocher. Sisyphe tint sa promesse et dévoila le secret.
Le dieu du fleuve partit à la recherche de Zeus, oubliant le dangereux pouvoir du roi de l’Olympe, qui commandait à la foudre. Celui-ci surveillait avec colère la progression de la divinité insoumise, et quand Asôpos fut à sa portée il ordonna à la foudre de le frapper.
A moitié brûlé, ce dernier se jeta dans un cours d’eau, qui depuis lors charrie des morceaux de charbon.
Lorsque Zeus eut détruit Asôpos, il se retourna contre Sisyphe.
« Va », dit-il à la Mort, emporte Sisyphe au royaume des ombres, là il ne pourra plus trahir aucun secret ».
Et la Mort se mit en route.
Le roi se trouvait alors sur les murailles de son palais, admirant le paysage baigné de soleil. L’herbe était jaune dans la chaleur du midi et pas une feuille ne bougeait sur les arbres desséchés. Il n’y avait personne dehors, tous restaient à l’ombre dans leurs demeures.
Seul Sisyphe ne recherchait pas la fraîcheur : il avait le pressentiment que la punition de Zeus était imminente. Aussi ne fut-il pas surpris lorsqu’il vit la Mort grimpant le sentier qui montait au palais. Il se saisit de deux grosses cordes et s’approcha doucement de la porte.
La terrible visiteuse, qui n’avait aucun soupçon, pénétra dans l’entrée. Aussitôt le roi jeta une des cordes autour de ses épaules et l’immobilisa. Il la ligota soigneusement avec l’autre et l’enferma à clé dans une pièce secrète. Cela fait, il poussa un profond soupir. Maintenant, la Mort ne pouvait pas lui faire du mal.
Non seulement Sisyphe fut ainsi épargné, mais personne à travers le monde ne mourut plus à partir du moment où la déesse du trépas fut ainsi enfermée. La maladie et les souffrances continueraient de faire leur œuvre, mais il n’y avait plus de terme aux infortunes qu’elles apportaient.
Les hommes les plus âgés vieillissaient indéfiniment. Même les oiseaux blessés par une flèche continuaient à voler et les bêtes sauvage emportaient jusque dans leurs tanières les lances plantées dans leurs dos. Le bétail était bon à abattre, mais la vie ne voulait pas le quitter.
Zeus fronça les sourcils et convoqua Arès, dieu de la guerre.
« Sisyphe a bouleversé tout l’ordre de la terre. Toi seul, habitué au combat, peux le rétablir. Va délivrer la Mort ».
Arès descendit donc sur la terre, força la porte derrière laquelle était enfermée la déesse et délivra son amie. Dès qu’elle fut détachée, la Mort saisit Sisyphe et l’entraîna dans les Enfers.
Puis elle recommença à visiter les demeures, à naviguer avec les marins, à accompagner les chasseurs dans les forêts et les guerriers dans les batailles.
Mais le roi retors avait prévu que la Mort le vaincrait tôt ou tard, et il avait pris depuis longtemps ses précautions afin de la tenir en échec.
Il avait en effet ordonné à sa femme de ne faire aucun sacrifice lors de son décès.
Arrivé au royaume des ombres, il se mit à se plaindre :
« Mon épouse m’a oublié », disait-il, « elle n’a pas accompli les rites sacrés ».
Tout le monde des défunts se mit à le plaindre et la reine Perséphone, souveraine de ce pays de larmes, lui permit de retourner sur terre pour rappeler à sa femme à ses devoirs.
Sisyphe remonta donc sur terre et aussitôt toute trace de chagrin disparut de son visage. Tout réjoui, il se hâta vers son palais et pour célébrer son retour il organisa un joyeux banquet.
Il n’avait, bien sûr, pas l’intention de rejoindre les ombres, et avait même cessé d’y penser, en félicitant son épouse d’avoir obéi à ses ordres.
Les gigots embaumaient déjà tout le palais et les coupes s’emplissaient de vin doux. Le bruit des conversations retentissait dans toutes les pièces tandis qu’un musicien aveugle, assis près du feu avec sa lyre, ravissait les convives de ses chants.
Le roi allait boire, mais ses lèvres ne touchèrent jamais le nectar car déjà la Mort, qui était derrière lui, lui arrachait la coupe des mains et l’entraînait une seconde fois à sa suite.
Les dieux punissaient sévèrement ceux qui se moquaient d’eux et ne respectaient pas la loi divine. Et, bien sûr, Sisyphe avait mérité un châtiment en proportion avec ses forfaits.
Depuis qu’il est retourné au royaume des ténèbres, il doit faire rouler un énorme rocher jusqu’au haut d’une colline, et, lorsque celui-ci atteint le sommet, la pierre lui échappe des mains et dévale la pente opposée.
C’est ainsi que depuis des siècles Sisyphe s’acharne sur ce vain travail et sa souffrance n’aura pas de fin.
 
Que nous enseigne ce nouveau mythe ?
 
Il ne faut d’abord jamais trahir un dieu, surtout quand il est aussi puissant que le dieu des dieux : Zeus, dont la puissance est telle qu’il peut vaincre tous les autres dieux…
Une seconde leçon est ici aussi dispensée, celle qui enseigne aux Grecs de l’Antiquité à ne pas tenter de duper les dieux (cf. ce à quoi Sisyphe est condamné pour l’éternité).
 
Bisous,
@+
Sab
 

17 février 2013

Poe : quelle influence a-t-il eue sur A. Hitchcock ?


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Ah que coucou !
 
2 célébrités. 2 grands maîtres. Oui, comment ne pas remarquer qu’il existe entre eux un lien ? Mais, au lieu de chercher et nous triturer les méninges, nous allons simplement laisser la parole à Alfred Hitchcock qui va nous expliquer cela bien mieux que nous ne saurions le faire nous-mêmes ;) :
 
Voici plusieurs années qu’on m’appelle « le roi du suspense ». Sans doute est-ce pour cette raison que l’on m’a demandé d’écrire une préface pour la nouvelle édition des « Histoires Extraordinaires » d’Edgar Allan Poe. J’en suis très flatté car je dois reconnaître que ce célèbre auteur est le créateur incontesté du genre.
 
Ai-je été influencé par Edgar Allan Poe ? Pour être franc, je ne pourrais pas l’affirmer avec certitude. Bien sûr, inconsciemment, nous sommes toujours influencés par les livres que nous avons lus. Les romans, la peinture, la musique et toutes les œuvres d’art en général forment notre culture intellectuelle dont nous ne pouvons nous débarrasser. Même si nous le désirons !
 
Tout d’abord, je dois avouer que j’ai facilement peur. Je m’en suis rendu compte lorsque j’avais quatre ou cinq ans. Je me rappelle cette nuit où je me suis réveillé en sursaut. La maison était plongée dans l’obscurité et tout à fait silencieuse. Je me suis dressé sur mon séant et je me suis mis à appeler ma mère. Personne ne m’a répondu parce qu’il n’y avait personne. Je tremblais de peur. Pourtant j’ai pu trouver suffisamment de courage pour me lever. J’errai dans la maison complètement vide. Je parvins dans la cuisine que la lune éclairait d’une manière sinistre. Je tremblais de plus en plus. En même temps, j’avais faim. J’ouvris donc le buffet dans lequel je trouvai de la viande froide que je me mis à manger en pleurant. Je ne me calmai que lorsque mes parents revinrent. Ils m’expliquèrent qu’ils étaient allés se promener parce qu’ils me croyaient endormi. Depuis ce jour, il y a deux choses que je ne peux plus supporter : être seul quand il fait nuit et manger de la viande froide !
 
A cette époque, je n’avais évidemment jamais entendu parler d’Edgar Allan Poe. C’est à seize ans seulement que je découvris son œuvre. Je lus d’abord par hasard sa biographie, et la tristesse de sa vie fit une grande impression sur moi. J’éprouvais une immense pitié à son égard parce que, en dépit de son talent, il avait toujours été malheureux.
 
Lorsque je revenais du bureau où je travaillais, je me précipitais dans ma chambre, prenais une édition bon marché de ses « Histoires extraordinaires » et me mettais à lire. Je me souviens encore des sentiments qui étaient les miens lorsque je terminai « Double Assassinat dans la Rue Morgue ». J’avais peur mais cette peur me fit justement découvrir quelque chose que je n’ai jamais oublié depuis.
 
La peur, voyez-vous, est un sentiment que les hommes aiment éprouver quand ils sont certains d’être en sécurité. Lorsqu’on est assis tranquillement chez soi et qu’on lit une histoire macabre, on se sent néanmoins en sécurité. Naturellement, on tremble, mais, comme on se trouve dans un décor familier, et quand on se rend compte que seule l’imagination est responsable de la frayeur, on est envahi par un extraordinaire bonheur. Un bonheur comparable à celui qu’on ressent quand on boit après avoir eu très soir. Un bonheur qui fait apprécier la douce chaleur que diffuse, sous son abat-jour, la lampe amicale et le moelleux fauteuil dans lequel on est confortablement assis.
 
A mon avis, le lecteur est exactement dans la même situation que le spectateur de cinéma. Et très probablement c’est parce que j’ai tellement aimé les histoires d’Edgar Allan Poe que j’ai commencé à faire des films de suspense. Sans vouloir paraître immodeste, je ne peux m’empêcher de comparer ce que j’essaie de mettre dans mes fils avec ce qu’Edgar Poe a mis dans ses nouvelles : une histoire parfaitement incroyable contée aux lecteurs avec une logique tellement hallucinante que l’on a l’impression que cette même histoire peut vous arriver demain. Et c’est la règle du jeu si l’on veut que le lecteur ou le spectateur se substitue au héros car, en vérité, les gens ne s’intéressent qu’à eux-mêmes ou aux histoires qui pourraient les affecter.
 
Moi-même je ne fais pas exception à cette règle. Si « Le Scarabée d’Or » m’a fasciné et me fascine encore, c’est parce que j’ai toujours aimé l’aventure, les voyages et l’impression de dépaysement. Lorsque j’étais enfant, pour satisfaire ma passion des bateaux, j’avais une immense carte dans ma chambre sur laquelle j’indiquais à l’aide de petits drapeaux la place exacte des bâtiments naviguant sur les mers et les océans du monde. Il me suffisait de la regarder pour me croire un capitaine au long cours ! Cette histoire de trésor que l’on retrouve grâce à un mystérieux de scarabée répond à mon amour du fantastique et de la précision.
 
Je crois qu’Edgar Allan Poe a une place très particulière dans le monde de la littérature. Il est à la fois, sans l’ombre d’un doute, un romantique et un précurseur de la littérature moderne. Au romantisme, il ne pouvait échapper, car nul ne peut échapper à la tendance de l’époque où l’on vit. Il ne faut pas oublier qu’Edgar Allan Poe allait à l’école en Angleterre en 1816, alors que Goethe avait déjà publié « Faust » et que les premières histoires d’Hoffmann venaient juste de paraître. Ce romantisme est peut-être encore plus sensible dans la traduction faite par Baudelaire qui est celle que vous utilisez. A mon avis, ces deux auteurs sont très proches l’un de l’autre, et j’irai même jusqu’à dire qu’on pourrait nommer Baudelaire l’Edgar Poe français.
 
Et le surréalisme ? N’est-il pas né autant de l’œuvre d’Edgar Poe que de celle de Lautréamont ? Cette école littéraire a certainement eu une grosse influence sur le cinéma, surtout vers les années 1925-1930 lorsque le surréalisme a été transposé à l’écran par Bunel avec « L’Age d’Or » et « Le Chien Andalou », pour René Clair avec « Entracte », par Jean Epstein avec « La Chute de la Maison Usher » et par votre académicien français Jean Cocteau avec « Le Sang d’un Poète » ? Influence que j’ai subie moi-même, ne serait-ce que dans les séquences de rêve et d’irréalité de certains de mes films.
 
Cependant du fait de la différence des moyens d’expression et de l’époque, je ne crois pas qu’il existe une réelle ressemblance entre Edgar Allan Poe et moi-même. Edgar Poe est un poète maudit, et je suis un cinéaste commercial. Il aimait faire frémir les gens. Moi aussi. Mais il n’avait pas vraiment le sens de l’humour. Et pour moi, le « suspense » n’a pas de valeur s’il n’est pas équilibré par l’humour.
 
En style cinématographie, le « suspense » consiste à susciter une curiosité haletante et à établir une complicité entre le metteur en scène et le spectateur, qui, lui, sait ce qui va arriver. Dans un livre, au contraire, le lecteur ne doit jamais deviner ce qui va arriver et ne doit pas connaître le dénouement de l’intrigue avant de parvenir à la fin du livre.
 
Cependant, Edgar Allan Poe et moi avons certainement un point commun. Nous sommes l’un et l’autre prisonniers d’un genre : le « suspense ». Vous connaissez l’histoire qu’on a racontée maintes et maintes fois : si je tournais « Cendrillon », tout le monde chercherait le cadavre… Et si Edgar Allan Poe avait écrit « La Belle au bois dormant », on chercherait l’assassin !
 
Alfred Hitchcock
Source:

Préface
Histoires Extraordinaires d’Edgar Allan Poe
 
Bisous,
@+
Sab

16 février 2013

Mythes et légendes de la Grèce Antique : Persée


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Illustration : Zdenĕk Sklenář
 
Ah que coucou !
 
Aujourd’hui je vous propose de vous remémorer le mythe de Persée narré par Eduard Petiška.
 
Un jour, un oracle prédit au roi Acrisios qu’il serait tué par son propre petit-fils. Craignant pour sa vie, le roi essaya d’imaginer le moyen d’éviter ce tragique destin. Il rassembla tous ses esclaves, leur ordonna de creuser une cave sous le palais et de la clore par une porte de fer.
Puis il y emmena sa fille Danaé et l’y enferma soigneusement. Il lui fit porter de la nourriture mais ne la laissa pas sortir, de crainte que ne s’accomplisse la terrible prédiction.
Les gémissements et les cris de la prisonnière parvinrent aux oreilles du roi des dieux, Zeus, qui prit pitié de la jeune fille solitaire et descendit dans la cave sous forme d’une pluie d’or. Il illumina l’obscurité et tomba amoureux de la belle qui, peu de temps après, mit au monde un garçon auquel on donna le nom de Persée.
Un soir, le roi se promenait dans son parc. Soudain, il entendit les pleurs d’un enfant. Il crut d’abord que c’était le vent dans les arbres, mais les cris provenaient de la terre.
Effrayé et surpris, Acrisios courut vers la porte de fer de la cave et l’ouvrit. Danaé se jeta à son cou, le suppliant d’épargner la vie de son fils et la sienne. Mais le roi avait bien trop peur de la mort et il ignorait la compassion. Aussi la repoussa-t-il et rentra-t-il en hâte au palais.
Il donna l’ordre à ses gardes de mettre sa fille et son petit-fils dans une grande caisse, de la clouer et de la jeter à la mer.
Avant la tombée de la nuit, les vagues jouaient déjà avec la caisse où la malheureuse étreignait son enfant. A travers une fente, elle aperçut la mer démontée et l’écume qui ornait la crête des vagues.
Puis ce fut l’obscurité. La caisse était toujours ballotée sur les eaux sans fin, à la merci des tourbillons et du vent qui la poussaient vers une côte inconnue. Le lendemain, une île apparut à l’horizon. La caisse fut rejetée sur sa côte.
Des pêcheurs préparaient leurs filets sur la plage lorsqu’ils virent cet étrange objet qui flottait. Ils montèrent dans leurs bateaux et ramèrent à sa rencontre pour le haler sur le sable.
Curieux de savoir quel trésor était caché dedans, ils se dépêchèrent d’ouvrir le couvercle. Quelle ne fut pas leur surprise au spectacle qui s’offrit à leurs yeux : de la caisse sortait une charmante jeune femme portant dans ses bras un petit garçon endormi.
Tremblante et pâle, Danaé remercia ses sauveteurs et leur raconta son aventure.
Ayant exprimé leur étonnement, les sympathiques pêcheurs offrirent de la nourriture aux rescapés, et lorsque ceux-ci eurent repris un peu de forces, leur doyen les emmena jusqu’à la cité voisine, chez le roi de l’île.
Le souverain offrit l’hospitalité à la princesse étrangère et à son fils. Depuis ce jour, ils vécurent dans le palais et ne manquèrent de rien.
Après quelque temps, le roi épousa la princesse et s’offrit à élever Persée comme son propre fils.
Les vagues se succédaient dans la mer et les années se succédaient au royaume insulaire. Il y avait longtemps que le garçon avait cessé de jouer sur la prairie. Maintenant il luttait avec les autres jeunes gens dans les stades ; il montait à cheval et savait manier la lance.
Le roi, craignant pour son trône, surveillait avec ennui ce déploiement de force.
« Il serait bon », pensa-t-il, « si Persée allait de par le monde ». Aussi se mit-il à lui raconter des histoires de dragons, de géants et d’exploits héroïques. Persée l’écouta avidement.
« Il y a eu de fameux héros », raconta un jour le souverain, « mais aucun n’a eu le courage de ramener la tête de Méduse ».
« Et qui est cette Méduse ? » demanda le jeune homme.
« Bien loin, à l’Ouest », répondit son beau-père, « là où commence la nuit éternelle, vivent trois sœurs : les Gorgones. Elles sont monstrueuses : elles ont des ailes et à la place de la chevelure elles portent des serpents. Deux d’entre elles sont immortelles, la troisième est mortelle, on l’appelle Méduse. Quiconque regarde la figure hideuse et immobile de l’une des sœurs se transforme immédiatement en pierre. si je possédais la tête de Méduse, je pourrais la montrer à mes ennemis qui se changeraient en roches et je gagnerais ainsi toutes les batailles ».
Après cette conversation, Persée ne fit que penser aux monstres. Il avait envie d’accomplir l’exploit devant lequel tous avaient reculé. Le long voyage ne l’effrayait pas, et, si Méduse était mortelle, il croyait pouvoir la tuer de son bras fort armé d’un glaive acéré.
Au lieu de craindre le danger il songeait d’avance à sa victoire.
Quelques jours plus tard, ayant bien réfléchi, il annonça à sa mère :
« Je vais explorer le monde et rapporter la tête d’une des Gorgones ».
Danaé fondit en larmes à l’idée que son fils risquait de ne pas revenir. Mais le roi approuva la décision de Persée, en louant sa force et son courage. Au fond de son cœur, ce départ le soulageait.
Le jeune homme ne traîna pas. Impatient de tenter l’aventure, il se prépara promptement et se mit en route. Le soleil couchant lui indiquait la direction à prendre. Il traversa la mer et la terre, se frayant un chemin à travers d’immenses forêts pleines de bêtes et d’oiseaux sauvages. Il escalade des chaînes de montagnes et passa à gué des rivières.
Pendant très, très longtemps il marcha ainsi vers l’Ouest sans se lasser.
La déesse Pallas Athéna le suivait. Elle avait toujours protégé les voyageurs intrépides et le courage de Persée lui plaisait.
Un jour, elle lui apparut et dit :
« Tu es brave, mais la bravoure à elle seule ne te suffira pas. Tu dois apprendre ce qu’il faut faire pour rentrer chez toi sain et sauf. Je vais te donner des conseils. Il ne faut pas que tu jettes un seul regard sur les Gorgones, cependant il serait dur de combattre Méduse sans la voir. Aussi, je vais te donner un bouclier de métal. Il est poli comme un miroir et tu pourras la surveiller ainsi : ce reflet ne te fera aucun mal. Prends aussi cette courte épée pour lui couper la tête. Mais avant tout tu dois obtenir des nymphes des sandales ailées, le sac magique ainsi que le casque qui te rendra invisible. Viens ici, je vais te montrer le chemin qui va chez trois vieilles femmes. Ce sont les sœurs Gorgones et elles savent où vivent les nymphes ».
Persée remercia la déesse, prit le bouclier et l’épée et s’engagea sur le chemin qu’elle lui avait indiqué.
Ayant atteint une plaine caillouteuse et déserte, il aperçut soudain une cabane sordide. C’était la hutte des vieilles sœurs des Gorgones. Avant d’arriver à la porte le jeune homme les entendait déjà se quereller.
A elles trois, elles ne possédaient qu’une dent et un œil, et elles ne parvenaient jamais à décider qui y avait droit. Dès que l’une avait emprunté l’œil et se mettait à regarder autour d’elle, la seconde se jetait sur elle pour voir aussi. A peine celle-ci s’était-elle emparée de l’œil que la troisième le lui arrachait. Et la dent était l’objet des mêmes disputes.
« Qui est là ? » crièrent-elles.
Elles entendaient des pas mais ne pouvaient pas voir puisqu’aucune n’arrivait à attraper l’œil tant convoité.
« Qui que tu sois », hurla la première, « viens nous donner ton avis ».
« Dis-leur de me rendre mon œil », grinça la seconde.
« Surtout ne la crois pas », se lamenta la troisième : « c’est mon tour de l’avoir ».
Persée prit l’œil et la dent des mains des vieilles et leur dit :
« Pourquoi en effet ne serais-je pas votre arbitre ? Je vais garder les objets de vos querelles, ainsi vous serez tranquilles ».
Les femmes se mirent à se lamenter, en tendant les mains pour attraper le jeune homme. Mais comme elles étaient aveugle elle ne saisissaient que le vide.
Voyant qu’elles ne pourraient arriver à leurs fins, les vieilles se mirent à plaider :
« Rends-nous ce que tu nous a volé. Si tu le fais, nous exaucerons un de tes vœux ».
« Dites-moi », répondit Persée, « quel chemin il faut prendre pour aller chez les nymphes qui cachent les sandales ailées, le sac magique et le casque. Si vous me le montrez, je vous rendrai l’œil et la dent ».
Les vieilles essayèrent de le dissuader :
« Demande quelque chose d’autre ! »
Mais comme le jeune homme insistait, elles eurent peur qu’il s’en aille et lui révélèrent en gémissant la cachette des nymphes.
Persée leur rendit l’œil et la dent et quitta ce pays désolé en suivant la route indiquée par les vieilles. Plus il s’éloignait, plus la campagne devenait charmante. D’abord apparaissaient çà et là des touffes d’herbe, bientôt le sol fut recouvert entièrement d’une verte prairie. Les arbres solitaires et tordus cédaient la place aux bosquets embaumés, et, au milieu du taillis le plus touffu, les nymphes aux pieds nus dansaient dans une clairière.
Le jeune homme leur demanda les sandales, le casque et le sac qu’elles lui donnèrent sans hésiter.
Il attacha les cothurnes ailés, se couvrit la tête et jeta le sac sur son épaule. D’un coup de talon sur le sol il s’envola dans les airs. Chaque pas était comme un battement d’aile qui l’emportait rapidement. Rien ne vint interrompre son vol. Il se promena par-dessus les arbres et les montagnes. Les buissons embaumés se firent rares, puis disparurent, les vertes prairies s’évanouirent à l’horizon et Persée traversa à nouveau un pays désolé. De grands et de petits rochers jonchaient la terre ; certains ressemblaient à des animaux, d’autres à des hommes.
Tous avaient été des êtres vivants transformés en pierre pour avoir osé regarder les Gorgones. Même des oiseaux égarés n’avaient pu échapper à ce fatal destin, ils étaient devenus de petits cailloux noirs.
Le regard du jeune homme s’arracha à la contemplation de ce paysage inhospitalier et il scruta son bouclier. Il y vit le même triste spectacle, et bientôt il aperçut aussi les Gorgones.
Leurs horribles crânes ornés de serpents à la place des cheveux inspiraient la terreur, bien qu’elles-mêmes soient endormies auprès du lac.
« N’hésite pas », souffla la douce voix de Pallas Athéna : « celle du milieu est Méduse ».
Persée descendit jusqu’aux monstres endormis. Les reptiles, ayant flairé l’odeur d’un étranger, se mirent à siffler en se dressant contre le gêneur.
Après un regard au bouclier le jeune homme visa sa future victime, leva son épée acérée et d’un seul coup la décapita.
Un cheval ailé, Pégase, s’échappa de la gorge tranchée et disparut dans les nuages, à l’intense surprise du héros.
Il restait maintenant à emporter la tête. Elle était si grande que le jeune homme doutait de pouvoir la faire entrer dans son sac, même en sachant que celui-ci était magique. Mais le petit sac avala le fardeau comme un galet et ne changea pas de poids. Chargé de son butin, Persée frappa le sol de ses talons et s’envola.
Le battement des petites ailes éveilla les deux autres montres, les sœurs immortelles. Elles regardèrent autour d’elles et, apercevant leur sœur morte, elles se déchaînèrent. Elles s’élevèrent à leur tour dans les airs et tourbillonnèrent au-dessus du lac dans l’espoir de retrouver l’ennemi. Leurs serpents ondulaient et se dressaient de façon menaçante. Mais, grâce au casque, Persée était invisible, et c’est en vain qu’elles sillonnèrent le ciel : elles ne purent le retrouver. C’est ainsi que le héros leur échappa…
Impatient de surprendre sa mère et le roi, il vola longtemps. Porté par les sandales ailées, il allait bientôt atteindre son but. C’est alors qu’une terrible tempête s’empara de lui et l’emmena dans la direction opposée.
Il lutta contre le vent, mais celui-ci était déchaîné et le rejeta sur la côte d’Afrique. Epuisé, il se coucha sur l’herbe. Ses yeux le piquaient et tout son corps lui faisait mal. Il aurait bien aimé se reposer.
« Que fais-tu là ? » tonna une voix au-dessus de lui.
C’était le géant Atlas, debout au sommet d’une montagne, les jambes profondément enfoncées dans la terre.
« Laisse-moi rester ici », demanda le jeune homme fourbu, « je vais me reposer un peu, je partirai ensuite ».
« Tu peux t’en retourner d’où tu viens », grogna Atlas en l’examinant avec méfiance. « Peut-être es-tu venu chercher les pommes d’or, qui sait ? Va-t-en immédiatement ».
Persée se fâcha et répondit :
« Je vais te récompenser de ta bonté ! » Et, détournant le visage, il sortit de son sac la tête de Méduse.
A cette horrible vue le géant se transforma en un énorme rocher et sa barbe ainsi que ses cheveux devinrent des bois et des taillis. La montagne se mit à grandir jusqu’à ce qu’elle supporte le ciel sur sa crête. De nos jours, elle s’élève encore en Afrique et s’appelle Atlas.
Le héros referma son sac, se coucha et dormit d’un sommeil lourd jusqu’à ce que les rayons d’un soleil brûlant l’éveillent. Il n’y avait pas la moindre brise et Persée avait hâte de rejoindre sa mère. Il reprit son vol. Tandis qu’il voyageait ainsi dans les airs, des gouttes de sang tombèrent dans son sac. Dès qu’elles touchaient le sol, elles se transformaient en serpents venimeux qui, depuis cette époque, prolifèrent en Afrique.
Il avait déjà parcouru un long chemin lorsqu’il vit sur la terre une foule d’hommes qui couraient. Tous quittaient précipitamment le rivage comme s’ils avaient fui un raz de marée. Persée descendit, se mêla à la foule et demanda ce qui se passait.
« Le malheur a frappé notre pays », répondirent les gens heureux d’épancher leur cœur. « Notre reine Cassiopée s’est vantée d’être plus belle que toutes les nymphes de la mer. Aussi Poséidon a-t-il imaginé une punition pour tout le royaume. Chaque jour, un horrible monstre sort des eaux, détruit nos troupeaux et avale quelques personnes. La princesse Andromède elle-même n’est pas épargnée, c’est aujourd’hui son tour d’être sacrifiée. Elle vient d’être emmenée sur le rocher, nous l’avons accompagnée, mais maintenant nous nous dépêchons de fuir pour ne pas la voir périr. Bientôt l’affreuse bête va sortir des vagues ».
A cette nouvelle Persée se précipita vers la côte et s’envola au-dessus de la mer. La jeune fille était enchaînée aux récifs sous les regards de ses parents qui ne pouvaient quitter leur enfant bien-aimée.
Soudain l’océan vibra et se mit à bouillir. Un ignoble animal sortit du fond de la mer et, écartant les vagues, montra son corps aux écailles visqueuses. Andromède poussa un cri tandis que ses parents désespérés se mettaient à se lamenter sur la plage. Le monstre nagea vers le rocher où la jeune fille couvrait ses yeux terrifiés de ses mains tremblantes.
Alors le héros s’abattit sur la bête qui tentait de happer son ombre sur la mer. L’épée acérée transperça le serpent marin mais celui-ci sauta en l’air. Ce n’est que grâce aux sandales ailées que Persée parvint à lui échapper.
Il piqua l’animal encore et encore jusqu’à ce que l’eau soit rouge de son sang. Pourtant le monstre se secouait et continuait à combattre comme si les coups du héros le laissaient insensible.
Ses yeux ensanglantés surveillaient le moindre geste du jeune homme. Ce regard rappela à Persée la tête de Méduse. Il la sortit vivement du sac et la lui montra. L’effet fut immédiat : l’adversaire invincible fut changé en une pierre qui aussitôt coula à pic. Un tourbillon marqua l’endroit où la bête s’était abattue.
Andromède découvrit son visage, et son audacieux sauveur la compara en pensée à une étoile du matin qui se serait mise à briller après la tempête de la nuit. Il déposa son sac, son bouclier ainsi que ses armes et il courut délivrer la jeune fille dont la beauté le charmait.
Le roi et la reine s’approchèrent eux aussi pour remercier l’intrépide héros.
« Demande tout l’or que tu veux, prends de l’argent et des pierres précieuses », dit le souverain. « Je te donnerai tout ce que tu veux et j’y ajouterai des esclaves et des pur-sang ».
« Je préfère Andromède à toutes ces richesse », répondit Persée. « Si elle m’accepte pour époux, confie-la moi, je l’aimerai de tout mon cœur ».
La princesse consentit avec plaisir à cette union car elle était tombée amoureuse du jeune homme.
« Je suis heureux », dit le roi, « de marier ma fille à un homme aussi courageux. Tous les trois nous avions tantôt quitté le palais en larmes, et nous sommes maintenant quatre à nous réjouir ».
Le héros ramassa ses talismans et vit avec surprise que les plantes et les petites brindilles sur lesquelles avait reposé la tête de Méduse s’étaient transformées en pierres. Certaines, tachées par le sang, étaient devenues rouges. C’était du corail et les nymphes de la mer en cultivèrent sous l’eau, où d’épais buissons apparurent.
Persée retourna avec le roi, la reine et Andromède au palais où l’on préparait déjà une magnifique fête pour le mariage. Le souverain offrit à son peuple un grand festin : chaque passant put s’asseoir à une table couverte de nourriture, manger et boire à satiété.
Les notables de la ville festoyèrent au palais avec les membres de la famille royale. Les coupes d’argent tintaient gaiement, l’encens et les fleurs embaumaient toutes les pièces tandis que les lyres charmaient les oreilles.
Soudain, au milieu des rires et des chants retentirent des bruits d’armes et des cris. Une troupe de guerriers fit irruption dans la salle, accompagnant l’ancien fiancé d’Andromède, Phinée. Il l’avait demandée en mariage, mais devant le danger il l’avait abandonnée à la merci du monstre. Maintenant, muni d’une lance il provoquait Persée :
« Je suis venu te faire payer le rapt de la princesse. C’est moi qui suis son véritable fiancé ».
Et, de toute sa force, il jeta sa lance. Celle-ci manqua le héros et alla se planter dans un coussin. C’était le défi. Les hommes de Phinée déchaînés et sûrs de leur force acculèrent Persée contre un mur. Le jeune homme repoussa bravement avec son épée jusqu’à ce que l’arme devienne brûlante entre ses mains. Lorsqu’il vit qu’il ne lui restait plus d’autre issue, il s’écria :
« Que ceux qui sont mes amis se détournent de moi ! » et il sortit du sac la tête fatale. Tous les guerriers s’immobilisèrent, les bras figés.
Alors Persée se mit à la recherche de Phinée. Le lâche, qui cherchait à se cacher, implora sa pitié.
« Tu as été assez brave pour répandre le sang des autres et faire massacrer des hommes pacifiques », dit le héros, « un tel courage mérite une statue », continua-t-il en pressant contre l’infortuné couard la tête de Méduse. Phinée s’immobilisa à son tour ; mais, même lorsqu’il fut changé en pierre il garda son expression effrayée et resta peureusement blotti dans un coin.
Le jeune homme ne resta pas longtemps loin de sa patrie. Il s’ennuyait de sa mère. Bientôt il s’embarqua avec sa femme à bord d’un bateau à destination de l’île qu’il avait quittée en quête d’aventures.
En le revoyant, le roi son beau-père cacha difficilement sa déception : non seulement il était vivant mais il ramenait avec lui une jolie jeune femme.
« Tu n’as même pas rapporté la tête de Méduse ? » lui demanda-t-il d’un ton moqueur.
« Mais si, je l’ai », répondit le héros avec un sourire.
« Je savais bien que tu étais courageux », poursuivit le souverain, « mais je ne savais pas que tu étais un aussi intrépide menteur ! »
« Veux-tu la voir, ô roi ! » s’enquit Persée. « Je ne te le conseille pas, quiconque la regarde se transforme en pierre ».
« Les dieux savent quelle tête tu as tranchée », ricana son beau-père, « celle d’un bélier peut-être ? »
Ces propos mirent Persée en colère et, se détournant, il ouvrit son sac pour montrer la tête au roi. L’incrédule fut aussitôt changé en rocher.
Danaé, ayant appris par les serviteurs que son fils était revenu, vint à sa rencontre et se jeta dans ses bras.
Elle embrassa joyeusement son fils et la femme de celui-ci.
« Méfie-toi du roi », le prévint-elle, « il veut ta perte ».
« Il ne faut plus en avoir peur », répondit le jeune homme et il lui raconta ce qui s’était passé.
Persée devint roi. Il vécut longtemps sur l’île avec sa mère et son épouse bien-aimée.
Pourtant il n’échappa pas à la vieille prédiction. Un monarque voisin l’invita un jour à participer à des jeux de force et d’adresse qui avaient lieu dans son royaume. Le jeune roi accepta, et, pendant leur déroulement, lança un disque si maladroitement qu’il retomba au milieu du public et fracassa le crâne d’un vieillard. Celui-ci n’était autre que son propre grand-père, Acrisios, qui avait autrefois jeté à l’eau sa fille et son petit-fils. Effrayé par la prédiction, il avait secrètement quitté son palais et depuis il errait à travers le monde. Mais le Destin l’avait retrouvé et la prédiction s’était accomplie.
Frappé d’un profond chagrin, Persée l’enterra et retourna dans son royaume.
Il régna longtemps avec sagesse. Les dons magiques furent rendus à Pallas Athéna, mais il garda encore quelques années le sac renfermant la tête de Méduse qui le protégea efficacement contre ses ennemis.
 
Que nous enseigne ce mythe ? Et bien regardons cela ensemble vite fait – oui nous arrivons au maximum accepté par Centerblog dans un même billet ;)…
 
D’abord, quoi que puissent faire les Grecs anciens, qui étaient très superstitieux, du moment qu’un oracle a prédit quelque chose, cela arrivera forcément. On leur enseigne donc, là encore, à croire aux prédictions divines (un oracle prédit au roi Acrisos que son petit-fils allait le tuer et malgré tout ce qu’il a fait pour s’en protéger, il meurt des mains de son petit-fils).
Ensuite on nous enseigne qu’il ne faut pas faire aveuglément confiance et faire attention de ne pas être trompé par des personnes que nous pensons bienveillantes (l’épisode avec le mari de Dané qui a élevé Persée comme son propre fils et qui, d’un coup d’un seul, souhaite se débarrasser de lui car il croit que le dessein de Persée est de lui voler le trône).
Et le dernier point est que ce mythe vante le courage car une personne courageuse est toujours récompensée (Persée séduit la déesse Athéna, en retour il apprend comment vaincre les Gorgones ; il tranche la tête à Méduse, il libère Pégase, en récompense son trophée le protège de ses ennemis ; il sauve la princesse Andromède, il l’épouse).
 
Bisous,
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Sab