Ah que coucou !
Aujourd’hui je vous propose un nouveau mythe de la Grèce antique nous narrant l’histoire du roi Sisyphe…
Dans l’Antiquité, les hommes craignaient les dieux, ou tout du moins ils craignaient la mort. Seul Sisyphe, un roi rusé, n’avait peur ni des uns ni de l’autre.
Il avait fondé la riche cité de Corinthe et bâti un superbe palais. La demeure royale était magnifique, mais il y manquait une source et Sisyphe se demandait comment en obtenir de l’Olympe. La chance l’y aida.
Le Destin, qui gouverne les dieux aussi bien que les hommes, fut responsable d’une dispute entre Asôpos, divinité du fleuve, et Zeus. Comme ce dernier s’était caché, son adversaire ne put le retrouver.
Sisyphe ayant entendu parler des mésaventures d’Asôpos, apprit par une ruse la cachette du roi des dieux et la lui livra.
« Je ne sais où se trouve le refuge de Zeus, et je serais heureux de te l’indiquer si en échange tu m’apportais ton concours. J’ai construit un palais mais il n’y a pas d’eau et mes serviteurs doivent aller la chercher dans des puits éloignés. Aide-moi et je t’aiderai ».
Asôpos consentit au marché. Il alla au palais, toucha une pierre dans la cour et une source d’eau fraîche jaillit du rocher. Sisyphe tint sa promesse et dévoila le secret.
Le dieu du fleuve partit à la recherche de Zeus, oubliant le dangereux pouvoir du roi de l’Olympe, qui commandait à la foudre. Celui-ci surveillait avec colère la progression de la divinité insoumise, et quand Asôpos fut à sa portée il ordonna à la foudre de le frapper.
A moitié brûlé, ce dernier se jeta dans un cours d’eau, qui depuis lors charrie des morceaux de charbon.
Lorsque Zeus eut détruit Asôpos, il se retourna contre Sisyphe.
« Va », dit-il à la Mort, emporte Sisyphe au royaume des ombres, là il ne pourra plus trahir aucun secret ».
Et la Mort se mit en route.
Le roi se trouvait alors sur les murailles de son palais, admirant le paysage baigné de soleil. L’herbe était jaune dans la chaleur du midi et pas une feuille ne bougeait sur les arbres desséchés. Il n’y avait personne dehors, tous restaient à l’ombre dans leurs demeures.
Seul Sisyphe ne recherchait pas la fraîcheur : il avait le pressentiment que la punition de Zeus était imminente. Aussi ne fut-il pas surpris lorsqu’il vit la Mort grimpant le sentier qui montait au palais. Il se saisit de deux grosses cordes et s’approcha doucement de la porte.
La terrible visiteuse, qui n’avait aucun soupçon, pénétra dans l’entrée. Aussitôt le roi jeta une des cordes autour de ses épaules et l’immobilisa. Il la ligota soigneusement avec l’autre et l’enferma à clé dans une pièce secrète. Cela fait, il poussa un profond soupir. Maintenant, la Mort ne pouvait pas lui faire du mal.
Non seulement Sisyphe fut ainsi épargné, mais personne à travers le monde ne mourut plus à partir du moment où la déesse du trépas fut ainsi enfermée. La maladie et les souffrances continueraient de faire leur œuvre, mais il n’y avait plus de terme aux infortunes qu’elles apportaient.
Les hommes les plus âgés vieillissaient indéfiniment. Même les oiseaux blessés par une flèche continuaient à voler et les bêtes sauvage emportaient jusque dans leurs tanières les lances plantées dans leurs dos. Le bétail était bon à abattre, mais la vie ne voulait pas le quitter.
Zeus fronça les sourcils et convoqua Arès, dieu de la guerre.
« Sisyphe a bouleversé tout l’ordre de la terre. Toi seul, habitué au combat, peux le rétablir. Va délivrer la Mort ».
Arès descendit donc sur la terre, força la porte derrière laquelle était enfermée la déesse et délivra son amie. Dès qu’elle fut détachée, la Mort saisit Sisyphe et l’entraîna dans les Enfers.
Puis elle recommença à visiter les demeures, à naviguer avec les marins, à accompagner les chasseurs dans les forêts et les guerriers dans les batailles.
Mais le roi retors avait prévu que la Mort le vaincrait tôt ou tard, et il avait pris depuis longtemps ses précautions afin de la tenir en échec.
Il avait en effet ordonné à sa femme de ne faire aucun sacrifice lors de son décès.
Arrivé au royaume des ombres, il se mit à se plaindre :
« Mon épouse m’a oublié », disait-il, « elle n’a pas accompli les rites sacrés ».
Tout le monde des défunts se mit à le plaindre et la reine Perséphone, souveraine de ce pays de larmes, lui permit de retourner sur terre pour rappeler à sa femme à ses devoirs.
Sisyphe remonta donc sur terre et aussitôt toute trace de chagrin disparut de son visage. Tout réjoui, il se hâta vers son palais et pour célébrer son retour il organisa un joyeux banquet.
Il n’avait, bien sûr, pas l’intention de rejoindre les ombres, et avait même cessé d’y penser, en félicitant son épouse d’avoir obéi à ses ordres.
Les gigots embaumaient déjà tout le palais et les coupes s’emplissaient de vin doux. Le bruit des conversations retentissait dans toutes les pièces tandis qu’un musicien aveugle, assis près du feu avec sa lyre, ravissait les convives de ses chants.
Le roi allait boire, mais ses lèvres ne touchèrent jamais le nectar car déjà la Mort, qui était derrière lui, lui arrachait la coupe des mains et l’entraînait une seconde fois à sa suite.
Les dieux punissaient sévèrement ceux qui se moquaient d’eux et ne respectaient pas la loi divine. Et, bien sûr, Sisyphe avait mérité un châtiment en proportion avec ses forfaits.
Depuis qu’il est retourné au royaume des ténèbres, il doit faire rouler un énorme rocher jusqu’au haut d’une colline, et, lorsque celui-ci atteint le sommet, la pierre lui échappe des mains et dévale la pente opposée.
C’est ainsi que depuis des siècles Sisyphe s’acharne sur ce vain travail et sa souffrance n’aura pas de fin.
Que nous enseigne ce nouveau mythe ?
Il ne faut d’abord jamais trahir un dieu, surtout quand il est aussi puissant que le dieu des dieux : Zeus, dont la puissance est telle qu’il peut vaincre tous les autres dieux…
Une seconde leçon est ici aussi dispensée, celle qui enseigne aux Grecs de l’Antiquité à ne pas tenter de duper les dieux (cf. ce à quoi Sisyphe est condamné pour l’éternité).
Bisous,
@+
Sab
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