Ah que coucou !
Qui ne connait pas le chef d’œuvre d’Homère : l’Iliade
(qui sera mis en ligne ces mois prochains, une fois que j’aurais vidé un peu
quelques numérations de mon PC ;)) ? Cet ouvrage qui fut considérer pendant
des siècles comme un manuel d’histoire et s’avéra, ces dernières années,
comme n’étant qu’une œuvre de fiction (malgré que cette ville de Troie a bien
existé et qu’elle est bien été détruite par qui?? les historiens hésitent)… Mais Homère n’est pas le seul à avoir
parlé de Troie, de Priam, de Pâris, d’Hélène et de ces héros grecs qui firent
la renommée de cette légende… comme de nombreuses légendes, celle-ci existait
bien avant la naissance d’Homère… et fut peut-être narrée tel que nous la
raconte Eduard Petiška :
Dans l’ancien temps, en Asie
Mineure, non loin de l’Hellespont, était une ville de nom de Troie.
Dans sa puissante enceinte
régnaient le roi Priam et la reine Hécube. Une nuit la reine fit un rêve très
étrange : un fils lui était né, mais lorsqu’elle voulait le prendre dans
ses bras, il se transformait en une torche ardente qui brûlait tout le palais,
les maisons avoisinantes et toute la ville.
Effrayée par ce songe, la
reine s’éveilla et le raconta à son époux. L’aurore commençait à peine à se
lever que déjà le roi avait convoqué des augures pour interpréter le rêve
royal. Ceux-ci mirent beaucoup de réticence à s’expliquer. Un nouveau petit
prince allait naître et il serait la cause de la destruction totale de la cité
de Troie. Si le roi voulait sauver sa vie, celle de sa femme, celles de ses
enfants et de tous les citoyens, s’il voulait que soit épargnée la ville, il
devrait supprimer l’enfant. C’était choisir entre la mort d’un seul ou le
trépas de tous !
Bientôt en effet, Hécube mit
au monde un fils. Ce fut pour elle et pour Priam une cruelle épreuve que de le
condamner, mais il y avait à cela la raison d’Etat. Les serviteurs aussi eurent
beaucoup de chagrin en voyant le tragique destin d’un si bel enfant, mais ils
avaient peur de désobéir au roi, car ils connaissaient l’horrible prophétie.
Ils emportèrent donc le nouveau-né dans la montagne et s’enfuirent rapidement,
tant les cris et les pleurs de leur petite victime leur étaient insupportables.
Mais l’enfant ne gémit pas
longtemps : une ourse le trouva, le renifla soigneusement, le lécha, et
l’entraîna avec mille précautions dans son antre où l’attendaient ses propres
rejetons. Le prince grandit ainsi parmi les animaux. L’ourse le nourrit et les
oursons jouèrent avec lui. Il devint grand et fort, apprit à monter aux arbres
et à courir, mais la seule chose qu’il ne put apprendre de ses parents adoptifs
fut le langage humain.
Un soir, un berger recherchait
un mouton égaré lorsqu’il aperçut le garçon qui jouait dans une clairière. Il
l’emmena avec lui dans sa hutte et désormais l’enfant partagea la vie des
gardiens de troupeaux. Il les aida dans leur tâche et ses protecteurs lui
apprirent à parler. Il devint rapidement un vigoureux jeune homme et reçut le
nom de Pâris. Il protégeait les bêtes qui lui étaient confiées contre les
voleurs et les oiseaux de proie, et il était très aimé de tous ceux qui l’entouraient.
Pâris avait l’habitude de s’asseoir
au milieu de ses moutons et de jouer de la flûte en les surveillant. Un matin,
alors qu’il allait porter l’instrument à ses lèvres, trois magnifiques déesses
apparurent soudain devant lui.
C’étaient Héra, la femme de
Zeus, Athéna, la divinité de la sagesse, protectrice des hommes braves et
intelligents, et Aphrodite, incarnation de l’amour et de la beauté.
A leur vue le jeune homme
devint muet d’étonnement. Héra lui tendit une pomme d’or et lui dit :
« Pâris, sois l’arbitre de
notre querelle. Chacune de nous veut avoir ce fruit merveilleux, mais il ne
doit revenir qu’à la plus belle d’entre nous. Regarde-nous bien et dis-nous à
qui appartiendra la pomme. Si tu me la donnes, tu gouverneras sur toute l’Asie,
tu seras le roi le plus puissant du monde. »
Athéna sourit :
« Si je reçois le fruit »,
dit-elle, « tu seras le plus grand commandant de tous les temps. Tu
gagneras toute les guerres et les portes des cités ennemies s’ouvriront toutes
seules à ta vue ».
Alors s’éleva la douce voix d’Aphrodite :
« Si grâce à toi je suis
élue, je te promets de te faire épouser la plus belle femme de la terre. »
Pâris hésita un moment, puis
tendit la pomme à la déesse Aphrodite. Ce faisant il provoqua la colère d’Héra
ainsi que celle d’Athéna, et décida ainsi de son sort et de celui de la cité de
Troie.
Pendant ce temps se préparait
dans la ville une grande fête durant laquelle allaient se dérouler des joutes
athlétiques et des concours agricoles. Les bergers y envoyèrent Pâris avec un
taureau. Jamais le jeune homme n’avait vu une aussi grande cité. Il regarda
avec émerveillement les immenses édifices de pierre et les temples. Mais ce qui
l’attirait le plus était le vaste stade. Et comme il était fort, courageux et
jeune, il fut porté sur les listes des concurrents. Il se défendit si bien qu’il
remporta les jeux devant ses frères et même devant son ainé Hector.
Le roi Priam le fit appeler et
lui demanda d’où il venait. Pâris lui raconta l’histoire de sa vie et le
souverain reconnut son fils dans ce bel étranger.
Le père étreignit avec émotion
son enfant vainqueur, sans plus se soucier des vieilles prophéties, et l’accueillit
au palais. Le prince y retrouva sa mère, ses frères et ses sœurs.
Mais la déesse Aphrodite ne l’avait
pas oublié. Bientôt elle lui apparut et lui dit :
« Je viens exaucer ton vœu.
Tu as choisi comme récompense d’avoir pour épouse la plus belle femme de la
terre, je vais donc t’aider. La plus jolie de toutes est Hélène, la femme du
roi de Sparte Ménélas. Zeus, qui est son père, lui a donné une beauté divine.
Aussi ne perds pas de temps mais commence à construire un bateau. Je ne t’abandonnerai
pas. »
Inspiré par la divinité de l’amour,
Pâris se mit à construire un robuste navire. Il se prépara pour son voyage au
royaume du roi Ménélas.
Son père, Priam, était fort
chagriné à l’idée d’une aussi périlleuse aventure. Quant aux augures, ils
étaient terrifiés en reconnaissant dans l’enlèvement d’Hélène le début du
désastre qui devait s’abattre sur la cité. C’est en vain que le roi, la reine,
ses frères et ses sœurs essayèrent de ramener Pâris à la raison. Il ne voulait
pas s’interrompre dans sa tâche et se sentait fort de l’aide d’Aphrodite.
Enfin la quille du bateau
toucha l’eau et la proue écarlate fendit les vagues. Pâris s’embarqua avec ses
marins en dépit de tous les mauvais présages. La déesse fit souffler un vent
propice et, toutes voiles dehors, le navire glissa sur la mer comme s’il avait
eu des ailes.
Le roi de Sparte, Ménélas,
reçut affablement son hôte et lui offrit l’hospitalité. Il ne pouvait se douter
que le jeune homme était venu dans son royaume afin d’y semer un grain
maléfique, dont la moisson serait récoltée par la mort sur un lointain champ de
bataille. Aphrodite provoqua la fatale rencontre entre Pâris et Hélène et
éveilla de tendres sentiments dans le cœur de cette dernière. Elle tomba
amoureuse du prince et celui-ci s’éprit de sa grâce. Bafouant toutes les règles
de l’hospitalité qui sont chères aux dieux comme aux rois, il enleva l’épouse
de Ménélas sur son bateau.
Les cœurs des marins se mirent
à battre en la voyant : ils crurent un instant que la lune argentée était descendue
parmi eux, tellement sa beauté rayonnait dans la nuit. Le navire fendit les vagues
et la déesse complice les conduisit vers les côtes de Troie.
Dès que le roi Ménélas eut
découvert le forfait, il se précipita à Mycènes où régnait son frère le roi
Agamemnon. Il le consulta sur la façon de punir le traitre. Le même jour, des
messagers galopèrent à travers toute la Grèce pour inviter tous les héros du
pays à s’unir dans une expédition punitive contre Troie.
Le bruit de leurs préparatifs
retentit dans toute la contrée. Les épées étaient affûtées, les arcs tendus,
les casques polis ; dans tous les ports des haches fendaient le bois
massif, des flottes nouvelles se construisaient, des rames se fabriquaient, des
voiles se tissaient.
Enfin les Grecs quittèrent
leurs femmes et leurs enfants, leurs pères et leurs mères et partirent en
Aulis, lieu choisi pour le rassemblement des armées terrestres et maritimes.
Seul le roi d’Ithaque, Ulysse,
ne voulait pas se séparer de sa femme Pénélope et de son petit garçon,
Télémaque. Ce n’était pas un souverain très puissant, mais chacun le respectait
pour sa bravoure, sa sagesse et sa ruse. C’est pourquoi les messagers qui
étaient venus le chercher ne voulaient pas repartir sans lui. Ils le
cherchèrent dans son palais et dans son jardin, mais ne purent le trouver.
Après quelques heures, ils le découvrirent dans un champ où il simulait la
folie : il avait attelé ensemble sous le joug un bœuf et un cheval, et s’était
mis à labourer. Mais au lieu de graines il semait du sel. Les envoyés furent
très perplexes devant le roi, qui souriait béatement en leur tenant des propos
absurdes. Ils l’auraient quitté ainsi si l’un d’eux n’avait eu l’idée d’éprouver
le souverain. Il mit le fils d’Ulysse par terre devant le soc de la charrue. Le
père s’arrêta aussitôt et prit Télémaque dans ses bras. Trahi par ce réflexe d’homme
qui n’a pas du tout perdu la raison, Ulysse dut se joindre aux autres héros.
Achille aussi faisait partie
de l’expédition. C’était le guerrier le plus brave de Grèce et on le disait
invulnérable. Lorsqu’il était né, sa mère la nymphe Thétis avait voulu savoir
quel serait son destin. Quand elle apprit qu’il deviendrait un héros fameux
mais mourrait jeune au cours d’une bataille, elle le plongea dans l’eau magique
du Styx en le tenant par le talon, qui n’avait pas été immergé. Comme beaucoup
d’autres héros, il avait été élevé par le sage et robuste centaure Chiron. Vêtu
d’une magnifique armure, beau comme un jeune dieu, Achille s’embarqua donc avec
son meilleur ami, le fidèle Patrocle.
Douze cents bateaux grecs dont
le roi Agamemnon assurait le commandement se rassemblèrent. Avant le départ,
les combattants se réunirent sous un grand platane pour offrir des sacrifices
aux dieux immortels. C’est alors que Zeus leur envoya un présage : un
serpent s’enroula autour du tronc de l’arbre et étouffa huit jeunes oiseaux
avec leur mère, puis il se changea en pierre. Les oracles interprétèrent cet
augure en disant que la guerre durerait neuf ans et au bout de la dixième Troie
serait vaincue.
La flotte était prête ;
les Grecs n’attendaient plus qu’un vent favorable. Les voiles pendaient dans le
vide et pas une feuille ne bougeait sur les arbres. La déesse de la chasse, Artémis,
s’était brouillée avec le roi Agamemnon parce qu’il avait tué sa biche
favorite, aussi retenait-elle au port l’armée du souverain. Cette situation se
prolongea un certains temps jusqu’à ce que les prêtres conseillent au roi d’apaiser
par un sacrifice la colère divine :
« Offre-lui ta fille
Iphigénie, » lui dirent-ils.
Agamemnon hésita devant une
aussi cruelle exigence, mais le succès de l’expédition était en jeu. Aussi
fit-il porter une lettre à la princesse, lui demandant de le rejoindre au camp.
A peine le messager fut-il parti qu’il réalisa l’atrocité de son acte et il
écrivit à nouveau à sa fille en lui disant de rester chez elle. Malheureusement
Ménélas vit le second courrier et l’intercepta. Il craignait, si la déesse n’était
pas satisfaite, de n’être jamais vengé. C’est pourquoi Iphigénie, obéissant au
premier vœu de son père, se mit en route pour le retrouver. Agamemnon,
désespéré, dut l’accueillir, et les prêtres commencèrent à préparer le
sacrifice. Lorsqu’ils vinrent la chercher et la conduisirent à l’autel, le
malheureux roi se voila la face. Soudain le brouillard tomba, le vent prit
Iphigénie dans ses ailes et l’emporta en Tauride où elle devin prêtresse de la
divine Artémis. La déesse réconciliée substitua à Iphigénie une biche.
Une fois la déesse apaisée,
une brise favorable fit frissonner la mer et gonfler les voiles. Les bateaux
purent enfin quitter le port.
Après une longue traversée,
les sentinelles troyennes aperçurent un jour les mâts et les voiles de la
flotte ennemie. Tous les guerriers de la ville s’élancèrent à sa rencontre les
armes à la main, sous le commandement du fils ainé de Priam : Hector.
Ils espéraient pourvoir
empêcher le débarquement.
Une prophétie avait dit aux
Grecs que le premier qui poserait le pied sur le sol troyen rencontrerait la
mort. A peine le premier navire avait-il atteint la côte qu’un jeune homme
sauta à terre, choisissant librement son destin. Les troupes se précipitèrent
derrière lui et les Troyens durent battre en retraite. Le premier pas d’Achille
sur ce territoire étranger fut tellement ferme qu’une source jaillit sous son
talon. Il se mit à se battre avec une énergie farouche, si bien que ses
adversaires, dûment refoulés et terrifiés à la vue de son glaive et de son
armure scintillante, se replièrent derrière les murs de la ville.
Les Grecs tirèrent alors leurs
bateaux sur la plage, établirent leur camp et l’entourèrent d’une palissade.
Autour de la tente d’Achille fut élevé un mur de solides poteaux. La porte en
était si lourde que trois hommes arrivaient à peine à la soulever. Seul
Achille, le héros, pouvait l’ouvrir.
Chaque jour les assaillants
firent des incursions en territoire ennemi, et ils revenaient toujours avec un
riche butin. Pourtant la cité de Troie résistait encore à toutes les attaques.
Pendant neuf ans la victoire
oscilla entre les deux camps, pendant neuf ans les veuves troyennes pleurèrent
leurs maris et la terre troyenne s’imprégna du sang grec.
La dixième année, une violente
querelle opposa Achille à Agamemnon au sujet du partage du butin. Ce dernier,
qui était commandant en chef de l’expédition, se prévalait de sa situation pour
léser le héros et le forcer à abandonner une partie de ce qui lui revenait dans
les trésors confisqués. Profondément humilié, le jeune guerrier refusa de
continuer à combattre et alla se plaindre à sa mère, la nymphe Thétis. Celle-ci
était déjà au courant de l’injustice dont son fils était la victime, elle
sortit des vagues écumantes et tenta de le consoler. Achille lui demanda alors
d’intercéder auprès du roi des dieux, Zeus, pour que les armées d’Agamemnon
soient défaites par l’ennemi. La mère aimait trop son fils pour lui refuser
quoi que ce soit. Elle accéda à sa prière et les Grecs se mirent à perdre
bataille après bataille. Pendant ce temps-là, le héros restait paresseusement
assis sous sa tente, à côté de son épée et de sa lance devenues inutiles.
Devant le succès de leurs troupes, les Troyens devinrent comme fous. Un jour,
ils arrivèrent même à réussi une percée dans le camp adverse et commencèrent à
mettre le feu aux navires. Mais l’odeur de la fumée ne fit même pas sortir
Achille de sa retraite.
Lorsque le danger qui menaçait
les Grecs devint très pressant, Patrocle accourut chez son ami en le suppliant de
lui prêter son armure puisqu’il ne voulait plus se battre. Les Troyens s’imagineraient
peut-être que le brave Achille se lançait à nouveau dans la bataille et ils
reflueraient certainement vers la cité.
Le héros consentit au
subterfuge et prêta à son fidèle compagnon son éblouissante armure.
« Ne te laisse pas
entraîner au plus profond de la mêlée », lui conseilla-t-il. « Ne
fais qu’apparaître, l’aspect seul suffira. Dès que les Troyens auront quitté le
camp, reviens immédiatement ici. Je ne consens à ce prêt que pour sauver notre
flotte. » Patrocle se vêtit promptement, se coiffa du casque orné d’une crinière
de cheval et choisit deux lances. Il laissa celle d’Achille à sa place, car
personne hormis ce dernier ne parvenait à la soulever. Enfin il se munit de son
bouclier et se mit à la tête des troupes grecques. A sa vue, l’ennemi se mit à
trembler comme une prairie sous le vent. Ayant reconnu la redoutable armure,
ils s’imaginèrent que le héros s’était réconcilié avec Agamemnon et qu’il
reprenait la lutte. Les lignes troyennes se clairsemèrent, puis les guerriers
amorcèrent une retraite précipitée. Les Grecs sous la direction de Patrocle
continuèrent à les repousser, bouclier contre bouclier, casque contre casque,
tel un mur vivant. Leur nouveau chef, grisé par la réussite de sa ruse, se
frayait un chemin avec son épée pour aller se mesurer au commandant troyen
Hector. Alors il oublia le conseil d’Achille et se laissa surprendre en terrain
découvert. Aussitôt entouré par ses adversaires, l’un d’eux réussit à le
blesser et Hector l’acheva d’un coup mortel. Autour de sa dépouille se déroula
un combat acharné entre les deux camps qui se disputaient le corps du jeune
homme. Bien qu’Hector se soit déjà emparé de la magnifique armure, les Grecs
réussirent à rapporter le défunt avec eux.
Quand Achille, qui était resté
dans sa tente, apprit la triste nouvelle, il fut accablé de chagrin. Il
répandit de la poussière sur sa tête et l’écho de ses plaintes retentit tout le
long de la côte. Entendant ses gémissements, sa mère quitta son abri marin et
alla rendre visite à son malheureux fils. Elle le trouva brûlant d’une fureur
vengeresse. Le regardant avec tristesse, elle lui dit :
« Si tu tues Hector, la
mort te frappera bientôt à ton tour. »
« Je préfère cent fois
mourir », s’exclama Achille, « que de laisser en vie le meurtrier de
mon ami. »
Alors la nymphe lui rapporta
de chez Héphaïstos une autre armure encore plus éblouissante pour remplacer
celle qui avait été perdue. Le héros se réconcilia avec Agamemnon et vêtu de sa
nouvelle cuirasse se rua au combat comme un lion. Il ébranla les lignes
ennemies et massacra d’innombrables guerriers en cherchant du regard Hector
parmi les belligérants. Quand enfin il l’aperçut dans la mêlée, il se précipita
sur lui.
A sa vue, l’intrépide Hector
ne put s’empêcher d’être effrayé : il s’enfuit. Il pressentait que c’était
la mort qui le poursuivait. Par trois fois Achille fit le tour de la ville en
poursuivant son adversaire, puis il parvint à le transpercer d’une lance.
Encore sous l’empire de la colère, il attacha le cadavre à son char et comme
ultime punition le traîna dans le sable tout autour de la cité, sous les yeux
des Troyens qui l’observaient du haut des remparts.
Au cours de la nuit le vieux
roi Priam se rendit au camp grec pour supplier le héros de lui rendre son fils.
Sa requête émut Achille, qui se souvint de sa propre famille, et il rendit la
dépouille d’Hector. Ce dernier put ainsi avoir des funérailles solennelles.
Conformément à la prédiction
de sa mère, Achille rejoignit bientôt son ennemi au royaume des ombres :
un flèche de Pâris l’atteignit au talon, seul endroit vulnérable de son corps.
Ce fut un immense chagrin pour les Grecs et même l’océan profond gronda en
témoignage de sa peine. Les nymphes sortirent des eaux pour le pleurer. Les
Muses lui chantèrent des chants funèbres. Ces plaintes et ces gémissements se
poursuivirent pendant dix-sept jours. A l’aube du dix-huitième, les guerriers
enflammèrent le bûcher du héros et le feu, nourri d’huiles précieuses et d’animaux
immolés, monta jusqu’aux cieux pendant toute une semaine.
Deux de ses compagnons, Ajax
et Ulysse, se disputèrent alors son armure. Elle aurait dû revenir de droit à
Ajax, mais Agamemnon et Ménélas l’attribuèrent à Ulysse. Ajax supporta mal
cette injustice. La colère s’empara de lui, lui suggérant de massacrer tous les
chefs grecs y compris Ulysse. Une nuit, il quitta sa tente muni de son épée et
se mit à la recherche de ses ennemis. Mais la déesse Athéna sauva les chefs
grecs en rendant Ajax fou. Celui-ci, dans son égarement, confondit les hommes
qu’il haïssait avec un troupeau de moutons qu’il combattit comme des
adversaires humains. Il en capturant même quelques-uns et les ligota. L’aurore
éclaira ce surprenant tableau. Enfin dégrisé, l’auteur de cet ignoble carnage
ne put supporter sa honte et mit fin à sa vie ; les Grecs perdirent en lui
un autre grand héros.
C’est alors qu’Ulysse parvint
à enlever le prophète de Troie et obtint de lui la prédiction suivante :
la cité allait être conquise, mais il faudrait le concours de deux nouveaux
guerriers, le fils d’Achille, Néoptolème et le fameux Philoctète à qui Héraclès
avait légué son arc et ses flèches mortelles.
Ulysse les fit donc venir.
Philoctète tua Pâris, mais Troie continua à résister.
Comme ni la force ni les armes
ne suffisaient à l’ébranler, Ulysse songea à employer la ruse. Déguisé en
mendiant, il entra dans la ville afin d’espionner les assiégés. C’est ainsi qu’il
rencontra la femme de Ménélas, Hélène, qui attendait avec impatience de
retourner dans son pays natal. En rentrant dans son camp, le héros fit bâtir un
gigantesque cheval de bois. Ulysse et ses plus intrépides compagnons se
cachèrent dans les entrailles du faux animal. Quant aux autres guerriers, ils
mirent le feu à leur camp, s’embarquèrent sur leurs bateaux et quittèrent le
port comme s’ils levaient le siège. Mais ils n’allèrent pas bien loin et se
cachèrent derrière les rochers d’une île voisine.
C’est avec joie que les
Troyens virent le départ de leurs adversaires. La bonne nouvelle se répandit
dans la ville. Les portes de la cité s’ouvrirent et le peuple libéré défila sur
la plage. L’énorme animal fut le principal objet de sa curiosité. Soudain les
hommes aperçurent un Grec, laissé là-bas par l’astucieux Ulysse, qui tentait de
se dissimuler sur une falaise. Se voyant découvert, celui-ci tomba à genoux en
suppliant de l’épargner :
« Ne me tuez pas, braves
gens : je viens à peine d’échapper à mes concitoyens qui voulaient me sacrifier,
comme Iphigénie, pour s’assurer une bonne traversée. Ils ont construit ce
cheval sur ordre des dieux en offrande à votre cité ».
Peu méfiants, les Troyens le
crurent. Seul le prêtre Laocoon, fils de Priam, pressentit que ce don
empoisonné serait la ruine de Troie et il essaya de les mettre en garde contre
la traitrise de l’ennemi :
« Ne croyez pas aux
Grecs, ne croyez pas aux dieux ! Jetez ce cadeau grec à la mer ou bien
brûlez-le, mais ne l’introduisez pas dans votre ville ».
Comme il disait ces mots, deux
monstrueux serpents sortirent des profondeurs de l’océan et rampèrent jusqu’à
lui. Ils s’enroulèrent autour de son corps et de ceux de ses fils et les
étouffèrent. Ainsi le Destin avait décidé de la perte de la cité.
Les Troyens interprétèrent ces
morts comme un jugement des dieux et entreprirent immédiatement de haler l’animal.
Bientôt celui-ci franchit l’enceinte de la ville. La journée se termina en
banquets joyeux, puis tous s’endormirent d’un sommeil tranquille.
Alors, dans le silence de la
nuit, Hélène monta sur les remparts et, munie d’une torche, fit aux Grecs
embusqués dans l’île les signaux convenus. Pendant ce temps, les héros
quittèrent les entrailles du cheval de bois où ils étaient cachés et ouvrirent
les portes de la ville au gros des troupes qui venaient de la mer.
illustration de
Zdeněk Sklenář
Le fracas des armes, les cris
et la fumée réveillèrent les Troyens. A moitié endormis, ils se saisirent de
leurs armes. Aucun abri ne fut épargné par la bataille. Troie brûlait de toutes
parts. Le roi Priam et toute sa famille furent massacrés. Ménélas retrouva
Hélène et s’embarqua avec elle. Sur les lieux du combat, il ne restait que des
cendres et du sang.
Ainsi finit la guerre de Troie
dont personne n’eut à se réjouir. Les Troyens morts, leurs femmes et leurs
enfants furent emmenés en esclavage.
Quant au Grecs, leur triomphe
fut éphémère : ceux qui n’étaient pas disparus pendant l’interminable
siège périrent au cours de la traversée de retour. La mer déchaînée engloutit
tout le butin qu’ils ramenaient avec eux, ainsi que les navires et de nombreux
marins. Quant aux rescapés qui retrouvèrent le sol natal, ils furent accueillis
comme des étrangers dans leurs familles : les fils ne reconnaissaient pas
leurs pères et les épouses cherchaient en vain sur leurs visages vieillis les
traits de l’être aimé !
La guerre était finie mais les
souffrances continuaient.
Toute cette histoire nous parle non seulement d’une
grande victoire de la Grèce sur le royaume de Priam mais elle tient aussi son
rôle dans l’enseignement des valeurs chères aux Grecs de l’Antiquité.
Par exemple nous retrouvons ici un de nos Dix
Commandements que Dieu donna à Moïse : « Tu ne
convoiteras point la femme d’un autre ». Pâris, encouragé
par Aphrodite, ayant convoité Hélène, la femme de Ménélas, l’a enlevée (alors
qu’elle ne l’aimait pas vu qu’elle était impatiente de retourner chez elle), a
entraîné le malheur sur sa famille (dont tous les membres périrent) et sa cité
(qui fut réduite en cendre au bout de dix années de siège). Nous voyons aussi
là l’absurdité de faire une si longue guerre pour une raison si futile :
non seulement Agamemnon perdit sa fille chérie Iphigénie (qui fut condamnée à être sacrifiée pour calmer la
déesse, mais fut enlevée et éloignée des yeux de son père), mais aussi ces valeureux
guerriers, ayant été éloignés 10 ans de chez eux, ont perdu « l’amour »
des leurs : les enfants et les épouses ne reconnaissant pas l’être aimé et
ont pris l’habitude de vivre sans eux – ce qui ne peut que causer des problèmes
dans les relations familiales futures… On nous y vante aussi l’amitié, son
pouvoir et le devoir de venger la mort de son ami quoi qu’il puisse advenir
(Achille a tué Hector, responsable de la mort de son ami, malgré qu’il savait
qu’en tuant cet ennemi il allait mourir quelques temps après).
Dans ce mythe est aussi sous-entendue une mésentente
entre deux dieux (Zeus et Aphrodite) et dans laquelle sont utilisés les Hommes
pour porter un coup à l’autre… Hélène, qu’Aphrodite promet à Pâris, est la
fille de Zeus, et est mariée à Ménélas… et nous savons qu’à cette époque, c’était
les parents qui choisissaient les époux et les épouses de leurs enfants… or,
Zeus étant le père d’Hélène, c’est donc lui qui avait choisi pour gendre
Ménélas… Donc, Aphrodite ayant décidé de donner Hélène à Pâris a, par là,
tenter d’aller à l’encontre de la volonté de Zeus…
Bisous,
@+
Sab
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