5 septembre 2013

Mythes et légendes de la Grèce antique : La guerre de Troie

Ah que coucou !
 
Qui ne connait pas le chef d’œuvre d’Homère : l’Iliade (qui sera mis en ligne ces mois prochains, une fois que j’aurais vidé un peu quelques numérations de mon PC ;)) ? Cet ouvrage qui fut considérer pendant des siècles comme un manuel d’histoire et s’avéra, ces dernières années, comme n’étant qu’une œuvre de fiction (malgré que cette ville de Troie a bien existé et qu’elle est bien été détruite par qui?? les historiens hésitent)… Mais Homère n’est pas le seul à avoir parlé de Troie, de Priam, de Pâris, d’Hélène et de ces héros grecs qui firent la renommée de cette légende… comme de nombreuses légendes, celle-ci existait bien avant la naissance d’Homère… et fut peut-être narrée tel que nous la raconte Eduard Petiška :
 
Dans l’ancien temps, en Asie Mineure, non loin de l’Hellespont, était une ville de nom de Troie.
Dans sa puissante enceinte régnaient le roi Priam et la reine Hécube. Une nuit la reine fit un rêve très étrange : un fils lui était né, mais lorsqu’elle voulait le prendre dans ses bras, il se transformait en une torche ardente qui brûlait tout le palais, les maisons avoisinantes et toute la ville.
Effrayée par ce songe, la reine s’éveilla et le raconta à son époux. L’aurore commençait à peine à se lever que déjà le roi avait convoqué des augures pour interpréter le rêve royal. Ceux-ci mirent beaucoup de réticence à s’expliquer. Un nouveau petit prince allait naître et il serait la cause de la destruction totale de la cité de Troie. Si le roi voulait sauver sa vie, celle de sa femme, celles de ses enfants et de tous les citoyens, s’il voulait que soit épargnée la ville, il devrait supprimer l’enfant. C’était choisir entre la mort d’un seul ou le trépas de tous !
Bientôt en effet, Hécube mit au monde un fils. Ce fut pour elle et pour Priam une cruelle épreuve que de le condamner, mais il y avait à cela la raison d’Etat. Les serviteurs aussi eurent beaucoup de chagrin en voyant le tragique destin d’un si bel enfant, mais ils avaient peur de désobéir au roi, car ils connaissaient l’horrible prophétie. Ils emportèrent donc le nouveau-né dans la montagne et s’enfuirent rapidement, tant les cris et les pleurs de leur petite victime leur étaient insupportables.
Mais l’enfant ne gémit pas longtemps : une ourse le trouva, le renifla soigneusement, le lécha, et l’entraîna avec mille précautions dans son antre où l’attendaient ses propres rejetons. Le prince grandit ainsi parmi les animaux. L’ourse le nourrit et les oursons jouèrent avec lui. Il devint grand et fort, apprit à monter aux arbres et à courir, mais la seule chose qu’il ne put apprendre de ses parents adoptifs fut le langage humain.
Un soir, un berger recherchait un mouton égaré lorsqu’il aperçut le garçon qui jouait dans une clairière. Il l’emmena avec lui dans sa hutte et désormais l’enfant partagea la vie des gardiens de troupeaux. Il les aida dans leur tâche et ses protecteurs lui apprirent à parler. Il devint rapidement un vigoureux jeune homme et reçut le nom de Pâris. Il protégeait les bêtes qui lui étaient confiées contre les voleurs et les oiseaux de proie, et il était très aimé de tous ceux qui l’entouraient.
Pâris avait l’habitude de s’asseoir au milieu de ses moutons et de jouer de la flûte en les surveillant. Un matin, alors qu’il allait porter l’instrument à ses lèvres, trois magnifiques déesses apparurent soudain devant lui.
C’étaient Héra, la femme de Zeus, Athéna, la divinité de la sagesse, protectrice des hommes braves et intelligents, et Aphrodite, incarnation de l’amour et de la beauté.
A leur vue le jeune homme devint muet d’étonnement. Héra lui tendit une pomme d’or et lui dit :
« Pâris, sois l’arbitre de notre querelle. Chacune de nous veut avoir ce fruit merveilleux, mais il ne doit revenir qu’à la plus belle d’entre nous. Regarde-nous bien et dis-nous à qui appartiendra la pomme. Si tu me la donnes, tu gouverneras sur toute l’Asie, tu seras le roi le plus puissant du monde. »
Athéna sourit :
« Si je reçois le fruit », dit-elle, « tu seras le plus grand commandant de tous les temps. Tu gagneras toute les guerres et les portes des cités ennemies s’ouvriront toutes seules à ta vue ».
Alors s’éleva la douce voix d’Aphrodite :
« Si grâce à toi je suis élue, je te promets de te faire épouser la plus belle femme de la terre. »
Pâris hésita un moment, puis tendit la pomme à la déesse Aphrodite. Ce faisant il provoqua la colère d’Héra ainsi que celle d’Athéna, et décida ainsi de son sort et de celui de la cité de Troie.
Pendant ce temps se préparait dans la ville une grande fête durant laquelle allaient se dérouler des joutes athlétiques et des concours agricoles. Les bergers y envoyèrent Pâris avec un taureau. Jamais le jeune homme n’avait vu une aussi grande cité. Il regarda avec émerveillement les immenses édifices de pierre et les temples. Mais ce qui l’attirait le plus était le vaste stade. Et comme il était fort, courageux et jeune, il fut porté sur les listes des concurrents. Il se défendit si bien qu’il remporta les jeux devant ses frères et même devant son ainé Hector.
Le roi Priam le fit appeler et lui demanda d’où il venait. Pâris lui raconta l’histoire de sa vie et le souverain reconnut son fils dans ce bel étranger.
Le père étreignit avec émotion son enfant vainqueur, sans plus se soucier des vieilles prophéties, et l’accueillit au palais. Le prince y retrouva sa mère, ses frères et ses sœurs.
Mais la déesse Aphrodite ne l’avait pas oublié. Bientôt elle lui apparut et lui dit :
« Je viens exaucer ton vœu. Tu as choisi comme récompense d’avoir pour épouse la plus belle femme de la terre, je vais donc t’aider. La plus jolie de toutes est Hélène, la femme du roi de Sparte Ménélas. Zeus, qui est son père, lui a donné une beauté divine. Aussi ne perds pas de temps mais commence à construire un bateau. Je ne t’abandonnerai pas. »
Inspiré par la divinité de l’amour, Pâris se mit à construire un robuste navire. Il se prépara pour son voyage au royaume du roi Ménélas.
Son père, Priam, était fort chagriné à l’idée d’une aussi périlleuse aventure. Quant aux augures, ils étaient terrifiés en reconnaissant dans l’enlèvement d’Hélène le début du désastre qui devait s’abattre sur la cité. C’est en vain que le roi, la reine, ses frères et ses sœurs essayèrent de ramener Pâris à la raison. Il ne voulait pas s’interrompre dans sa tâche et se sentait fort de l’aide d’Aphrodite.
Enfin la quille du bateau toucha l’eau et la proue écarlate fendit les vagues. Pâris s’embarqua avec ses marins en dépit de tous les mauvais présages. La déesse fit souffler un vent propice et, toutes voiles dehors, le navire glissa sur la mer comme s’il avait eu des ailes.
Le roi de Sparte, Ménélas, reçut affablement son hôte et lui offrit l’hospitalité. Il ne pouvait se douter que le jeune homme était venu dans son royaume afin d’y semer un grain maléfique, dont la moisson serait récoltée par la mort sur un lointain champ de bataille. Aphrodite provoqua la fatale rencontre entre Pâris et Hélène et éveilla de tendres sentiments dans le cœur de cette dernière. Elle tomba amoureuse du prince et celui-ci s’éprit de sa grâce. Bafouant toutes les règles de l’hospitalité qui sont chères aux dieux comme aux rois, il enleva l’épouse de Ménélas sur son bateau.
Les cœurs des marins se mirent à battre en la voyant : ils crurent un instant que la lune argentée était descendue parmi eux, tellement sa beauté rayonnait dans la nuit. Le navire fendit les vagues et la déesse complice les conduisit vers les côtes de Troie.
Dès que le roi Ménélas eut découvert le forfait, il se précipita à Mycènes où régnait son frère le roi Agamemnon. Il le consulta sur la façon de punir le traitre. Le même jour, des messagers galopèrent à travers toute la Grèce pour inviter tous les héros du pays à s’unir dans une expédition punitive contre Troie.
Le bruit de leurs préparatifs retentit dans toute la contrée. Les épées étaient affûtées, les arcs tendus, les casques polis ; dans tous les ports des haches fendaient le bois massif, des flottes nouvelles se construisaient, des rames se fabriquaient, des voiles se tissaient.
Enfin les Grecs quittèrent leurs femmes et leurs enfants, leurs pères et leurs mères et partirent en Aulis, lieu choisi pour le rassemblement des armées terrestres et maritimes.
Seul le roi d’Ithaque, Ulysse, ne voulait pas se séparer de sa femme Pénélope et de son petit garçon, Télémaque. Ce n’était pas un souverain très puissant, mais chacun le respectait pour sa bravoure, sa sagesse et sa ruse. C’est pourquoi les messagers qui étaient venus le chercher ne voulaient pas repartir sans lui. Ils le cherchèrent dans son palais et dans son jardin, mais ne purent le trouver. Après quelques heures, ils le découvrirent dans un champ où il simulait la folie : il avait attelé ensemble sous le joug un bœuf et un cheval, et s’était mis à labourer. Mais au lieu de graines il semait du sel. Les envoyés furent très perplexes devant le roi, qui souriait béatement en leur tenant des propos absurdes. Ils l’auraient quitté ainsi si l’un d’eux n’avait eu l’idée d’éprouver le souverain. Il mit le fils d’Ulysse par terre devant le soc de la charrue. Le père s’arrêta aussitôt et prit Télémaque dans ses bras. Trahi par ce réflexe d’homme qui n’a pas du tout perdu la raison, Ulysse dut se joindre aux autres héros.
Achille aussi faisait partie de l’expédition. C’était le guerrier le plus brave de Grèce et on le disait invulnérable. Lorsqu’il était né, sa mère la nymphe Thétis avait voulu savoir quel serait son destin. Quand elle apprit qu’il deviendrait un héros fameux mais mourrait jeune au cours d’une bataille, elle le plongea dans l’eau magique du Styx en le tenant par le talon, qui n’avait pas été immergé. Comme beaucoup d’autres héros, il avait été élevé par le sage et robuste centaure Chiron. Vêtu d’une magnifique armure, beau comme un jeune dieu, Achille s’embarqua donc avec son meilleur ami, le fidèle Patrocle.
Douze cents bateaux grecs dont le roi Agamemnon assurait le commandement se rassemblèrent. Avant le départ, les combattants se réunirent sous un grand platane pour offrir des sacrifices aux dieux immortels. C’est alors que Zeus leur envoya un présage : un serpent s’enroula autour du tronc de l’arbre et étouffa huit jeunes oiseaux avec leur mère, puis il se changea en pierre. Les oracles interprétèrent cet augure en disant que la guerre durerait neuf ans et au bout de la dixième Troie serait vaincue.
La flotte était prête ; les Grecs n’attendaient plus qu’un vent favorable. Les voiles pendaient dans le vide et pas une feuille ne bougeait sur les arbres. La déesse de la chasse, Artémis, s’était brouillée avec le roi Agamemnon parce qu’il avait tué sa biche favorite, aussi retenait-elle au port l’armée du souverain. Cette situation se prolongea un certains temps jusqu’à ce que les prêtres conseillent au roi d’apaiser par un sacrifice la colère divine :
« Offre-lui ta fille Iphigénie, » lui dirent-ils.
Agamemnon hésita devant une aussi cruelle exigence, mais le succès de l’expédition était en jeu. Aussi fit-il porter une lettre à la princesse, lui demandant de le rejoindre au camp. A peine le messager fut-il parti qu’il réalisa l’atrocité de son acte et il écrivit à nouveau à sa fille en lui disant de rester chez elle. Malheureusement Ménélas vit le second courrier et l’intercepta. Il craignait, si la déesse n’était pas satisfaite, de n’être jamais vengé. C’est pourquoi Iphigénie, obéissant au premier vœu de son père, se mit en route pour le retrouver. Agamemnon, désespéré, dut l’accueillir, et les prêtres commencèrent à préparer le sacrifice. Lorsqu’ils vinrent la chercher et la conduisirent à l’autel, le malheureux roi se voila la face. Soudain le brouillard tomba, le vent prit Iphigénie dans ses ailes et l’emporta en Tauride où elle devin prêtresse de la divine Artémis. La déesse réconciliée substitua à Iphigénie une biche.
Une fois la déesse apaisée, une brise favorable fit frissonner la mer et gonfler les voiles. Les bateaux purent enfin quitter le port.
Après une longue traversée, les sentinelles troyennes aperçurent un jour les mâts et les voiles de la flotte ennemie. Tous les guerriers de la ville s’élancèrent à sa rencontre les armes à la main, sous le commandement du fils ainé de Priam : Hector.
Ils espéraient pourvoir empêcher le débarquement.
Une prophétie avait dit aux Grecs que le premier qui poserait le pied sur le sol troyen rencontrerait la mort. A peine le premier navire avait-il atteint la côte qu’un jeune homme sauta à terre, choisissant librement son destin. Les troupes se précipitèrent derrière lui et les Troyens durent battre en retraite. Le premier pas d’Achille sur ce territoire étranger fut tellement ferme qu’une source jaillit sous son talon. Il se mit à se battre avec une énergie farouche, si bien que ses adversaires, dûment refoulés et terrifiés à la vue de son glaive et de son armure scintillante, se replièrent derrière les murs de la ville.
Les Grecs tirèrent alors leurs bateaux sur la plage, établirent leur camp et l’entourèrent d’une palissade. Autour de la tente d’Achille fut élevé un mur de solides poteaux. La porte en était si lourde que trois hommes arrivaient à peine à la soulever. Seul Achille, le héros, pouvait l’ouvrir.
Chaque jour les assaillants firent des incursions en territoire ennemi, et ils revenaient toujours avec un riche butin. Pourtant la cité de Troie résistait encore à toutes les attaques.
Pendant neuf ans la victoire oscilla entre les deux camps, pendant neuf ans les veuves troyennes pleurèrent leurs maris et la terre troyenne s’imprégna du sang grec.
La dixième année, une violente querelle opposa Achille à Agamemnon au sujet du partage du butin. Ce dernier, qui était commandant en chef de l’expédition, se prévalait de sa situation pour léser le héros et le forcer à abandonner une partie de ce qui lui revenait dans les trésors confisqués. Profondément humilié, le jeune guerrier refusa de continuer à combattre et alla se plaindre à sa mère, la nymphe Thétis. Celle-ci était déjà au courant de l’injustice dont son fils était la victime, elle sortit des vagues écumantes et tenta de le consoler. Achille lui demanda alors d’intercéder auprès du roi des dieux, Zeus, pour que les armées d’Agamemnon soient défaites par l’ennemi. La mère aimait trop son fils pour lui refuser quoi que ce soit. Elle accéda à sa prière et les Grecs se mirent à perdre bataille après bataille. Pendant ce temps-là, le héros restait paresseusement assis sous sa tente, à côté de son épée et de sa lance devenues inutiles. Devant le succès de leurs troupes, les Troyens devinrent comme fous. Un jour, ils arrivèrent même à réussi une percée dans le camp adverse et commencèrent à mettre le feu aux navires. Mais l’odeur de la fumée ne fit même pas sortir Achille de sa retraite.
Lorsque le danger qui menaçait les Grecs devint très pressant, Patrocle accourut chez son ami en le suppliant de lui prêter son armure puisqu’il ne voulait plus se battre. Les Troyens s’imagineraient peut-être que le brave Achille se lançait à nouveau dans la bataille et ils reflueraient certainement vers la cité.
Le héros consentit au subterfuge et prêta à son fidèle compagnon son éblouissante armure.
« Ne te laisse pas entraîner au plus profond de la mêlée », lui conseilla-t-il. « Ne fais qu’apparaître, l’aspect seul suffira. Dès que les Troyens auront quitté le camp, reviens immédiatement ici. Je ne consens à ce prêt que pour sauver notre flotte. » Patrocle se vêtit promptement, se coiffa du casque orné d’une crinière de cheval et choisit deux lances. Il laissa celle d’Achille à sa place, car personne hormis ce dernier ne parvenait à la soulever. Enfin il se munit de son bouclier et se mit à la tête des troupes grecques. A sa vue, l’ennemi se mit à trembler comme une prairie sous le vent. Ayant reconnu la redoutable armure, ils s’imaginèrent que le héros s’était réconcilié avec Agamemnon et qu’il reprenait la lutte. Les lignes troyennes se clairsemèrent, puis les guerriers amorcèrent une retraite précipitée. Les Grecs sous la direction de Patrocle continuèrent à les repousser, bouclier contre bouclier, casque contre casque, tel un mur vivant. Leur nouveau chef, grisé par la réussite de sa ruse, se frayait un chemin avec son épée pour aller se mesurer au commandant troyen Hector. Alors il oublia le conseil d’Achille et se laissa surprendre en terrain découvert. Aussitôt entouré par ses adversaires, l’un d’eux réussit à le blesser et Hector l’acheva d’un coup mortel. Autour de sa dépouille se déroula un combat acharné entre les deux camps qui se disputaient le corps du jeune homme. Bien qu’Hector se soit déjà emparé de la magnifique armure, les Grecs réussirent à rapporter le défunt avec eux.
Quand Achille, qui était resté dans sa tente, apprit la triste nouvelle, il fut accablé de chagrin. Il répandit de la poussière sur sa tête et l’écho de ses plaintes retentit tout le long de la côte. Entendant ses gémissements, sa mère quitta son abri marin et alla rendre visite à son malheureux fils. Elle le trouva brûlant d’une fureur vengeresse. Le regardant avec tristesse, elle lui dit :
« Si tu tues Hector, la mort te frappera bientôt à ton tour. »
« Je préfère cent fois mourir », s’exclama Achille, « que de laisser en vie le meurtrier de mon ami. »
Alors la nymphe lui rapporta de chez Héphaïstos une autre armure encore plus éblouissante pour remplacer celle qui avait été perdue. Le héros se réconcilia avec Agamemnon et vêtu de sa nouvelle cuirasse se rua au combat comme un lion. Il ébranla les lignes ennemies et massacra d’innombrables guerriers en cherchant du regard Hector parmi les belligérants. Quand enfin il l’aperçut dans la mêlée, il se précipita sur lui.
A sa vue, l’intrépide Hector ne put s’empêcher d’être effrayé : il s’enfuit. Il pressentait que c’était la mort qui le poursuivait. Par trois fois Achille fit le tour de la ville en poursuivant son adversaire, puis il parvint à le transpercer d’une lance. Encore sous l’empire de la colère, il attacha le cadavre à son char et comme ultime punition le traîna dans le sable tout autour de la cité, sous les yeux des Troyens qui l’observaient du haut des remparts.
Au cours de la nuit le vieux roi Priam se rendit au camp grec pour supplier le héros de lui rendre son fils. Sa requête émut Achille, qui se souvint de sa propre famille, et il rendit la dépouille d’Hector. Ce dernier put ainsi avoir des funérailles solennelles.
Conformément à la prédiction de sa mère, Achille rejoignit bientôt son ennemi au royaume des ombres : un flèche de Pâris l’atteignit au talon, seul endroit vulnérable de son corps. Ce fut un immense chagrin pour les Grecs et même l’océan profond gronda en témoignage de sa peine. Les nymphes sortirent des eaux pour le pleurer. Les Muses lui chantèrent des chants funèbres. Ces plaintes et ces gémissements se poursuivirent pendant dix-sept jours. A l’aube du dix-huitième, les guerriers enflammèrent le bûcher du héros et le feu, nourri d’huiles précieuses et d’animaux immolés, monta jusqu’aux cieux pendant toute une semaine.
Deux de ses compagnons, Ajax et Ulysse, se disputèrent alors son armure. Elle aurait dû revenir de droit à Ajax, mais Agamemnon et Ménélas l’attribuèrent à Ulysse. Ajax supporta mal cette injustice. La colère s’empara de lui, lui suggérant de massacrer tous les chefs grecs y compris Ulysse. Une nuit, il quitta sa tente muni de son épée et se mit à la recherche de ses ennemis. Mais la déesse Athéna sauva les chefs grecs en rendant Ajax fou. Celui-ci, dans son égarement, confondit les hommes qu’il haïssait avec un troupeau de moutons qu’il combattit comme des adversaires humains. Il en capturant même quelques-uns et les ligota. L’aurore éclaira ce surprenant tableau. Enfin dégrisé, l’auteur de cet ignoble carnage ne put supporter sa honte et mit fin à sa vie ; les Grecs perdirent en lui un autre grand héros.
C’est alors qu’Ulysse parvint à enlever le prophète de Troie et obtint de lui la prédiction suivante : la cité allait être conquise, mais il faudrait le concours de deux nouveaux guerriers, le fils d’Achille, Néoptolème et le fameux Philoctète à qui Héraclès avait légué son arc et ses flèches mortelles.
Ulysse les fit donc venir. Philoctète tua Pâris, mais Troie continua à résister.
Comme ni la force ni les armes ne suffisaient à l’ébranler, Ulysse songea à employer la ruse. Déguisé en mendiant, il entra dans la ville afin d’espionner les assiégés. C’est ainsi qu’il rencontra la femme de Ménélas, Hélène, qui attendait avec impatience de retourner dans son pays natal. En rentrant dans son camp, le héros fit bâtir un gigantesque cheval de bois. Ulysse et ses plus intrépides compagnons se cachèrent dans les entrailles du faux animal. Quant aux autres guerriers, ils mirent le feu à leur camp, s’embarquèrent sur leurs bateaux et quittèrent le port comme s’ils levaient le siège. Mais ils n’allèrent pas bien loin et se cachèrent derrière les rochers d’une île voisine.
C’est avec joie que les Troyens virent le départ de leurs adversaires. La bonne nouvelle se répandit dans la ville. Les portes de la cité s’ouvrirent et le peuple libéré défila sur la plage. L’énorme animal fut le principal objet de sa curiosité. Soudain les hommes aperçurent un Grec, laissé là-bas par l’astucieux Ulysse, qui tentait de se dissimuler sur une falaise. Se voyant découvert, celui-ci tomba à genoux en suppliant de l’épargner :
« Ne me tuez pas, braves gens : je viens à peine d’échapper à mes concitoyens qui voulaient me sacrifier, comme Iphigénie, pour s’assurer une bonne traversée. Ils ont construit ce cheval sur ordre des dieux en offrande à votre cité ».
Peu méfiants, les Troyens le crurent. Seul le prêtre Laocoon, fils de Priam, pressentit que ce don empoisonné serait la ruine de Troie et il essaya de les mettre en garde contre la traitrise de l’ennemi :
« Ne croyez pas aux Grecs, ne croyez pas aux dieux ! Jetez ce cadeau grec à la mer ou bien brûlez-le, mais ne l’introduisez pas dans votre ville ».
Comme il disait ces mots, deux monstrueux serpents sortirent des profondeurs de l’océan et rampèrent jusqu’à lui. Ils s’enroulèrent autour de son corps et de ceux de ses fils et les étouffèrent. Ainsi le Destin avait décidé de la perte de la cité.
Les Troyens interprétèrent ces morts comme un jugement des dieux et entreprirent immédiatement de haler l’animal. Bientôt celui-ci franchit l’enceinte de la ville. La journée se termina en banquets joyeux, puis tous s’endormirent d’un sommeil tranquille.
Alors, dans le silence de la nuit, Hélène monta sur les remparts et, munie d’une torche, fit aux Grecs embusqués dans l’île les signaux convenus. Pendant ce temps, les héros quittèrent les entrailles du cheval de bois où ils étaient cachés et ouvrirent les portes de la ville au gros des troupes qui venaient de la mer.
illustration de Zdeněk Sklenář
 
Le fracas des armes, les cris et la fumée réveillèrent les Troyens. A moitié endormis, ils se saisirent de leurs armes. Aucun abri ne fut épargné par la bataille. Troie brûlait de toutes parts. Le roi Priam et toute sa famille furent massacrés. Ménélas retrouva Hélène et s’embarqua avec elle. Sur les lieux du combat, il ne restait que des cendres et du sang.
Ainsi finit la guerre de Troie dont personne n’eut à se réjouir. Les Troyens morts, leurs femmes et leurs enfants furent emmenés en esclavage.
Quant au Grecs, leur triomphe fut éphémère : ceux qui n’étaient pas disparus pendant l’interminable siège périrent au cours de la traversée de retour. La mer déchaînée engloutit tout le butin qu’ils ramenaient avec eux, ainsi que les navires et de nombreux marins. Quant aux rescapés qui retrouvèrent le sol natal, ils furent accueillis comme des étrangers dans leurs familles : les fils ne reconnaissaient pas leurs pères et les épouses cherchaient en vain sur leurs visages vieillis les traits de l’être aimé !
La guerre était finie mais les souffrances continuaient.
 
Toute cette histoire nous parle non seulement d’une grande victoire de la Grèce sur le royaume de Priam mais elle tient aussi son rôle dans l’enseignement des valeurs chères aux Grecs de l’Antiquité.
 
Par exemple nous retrouvons ici un de nos Dix Commandements que Dieu donna à Moïse : « Tu ne convoiteras point la femme d’un autre ». Pâris, encouragé par Aphrodite, ayant convoité Hélène, la femme de Ménélas, l’a enlevée (alors qu’elle ne l’aimait pas vu qu’elle était impatiente de retourner chez elle), a entraîné le malheur sur sa famille (dont tous les membres périrent) et sa cité (qui fut réduite en cendre au bout de dix années de siège). Nous voyons aussi là l’absurdité de faire une si longue guerre pour une raison si futile : non seulement Agamemnon perdit sa fille chérie Iphigénie (qui fut condamnée à être sacrifiée pour calmer la déesse, mais fut enlevée et éloignée des yeux de son père), mais aussi ces valeureux guerriers, ayant été éloignés 10 ans de chez eux, ont perdu « l’amour » des leurs : les enfants et les épouses ne reconnaissant pas l’être aimé et ont pris l’habitude de vivre sans eux – ce qui ne peut que causer des problèmes dans les relations familiales futures… On nous y vante aussi l’amitié, son pouvoir et le devoir de venger la mort de son ami quoi qu’il puisse advenir (Achille a tué Hector, responsable de la mort de son ami, malgré qu’il savait qu’en tuant cet ennemi il allait mourir quelques temps après).
 
Dans ce mythe est aussi sous-entendue une mésentente entre deux dieux (Zeus et Aphrodite) et dans laquelle sont utilisés les Hommes pour porter un coup à l’autre… Hélène, qu’Aphrodite promet à Pâris, est la fille de Zeus, et est mariée à Ménélas… et nous savons qu’à cette époque, c’était les parents qui choisissaient les époux et les épouses de leurs enfants… or, Zeus étant le père d’Hélène, c’est donc lui qui avait choisi pour gendre Ménélas… Donc, Aphrodite ayant décidé de donner Hélène à Pâris a, par là, tenter d’aller à l’encontre de la volonté de Zeus…
 
Bisous,
@+
Sab

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