Ah que coucou !
Comme vous l’avez lu ces deux derniers jours l’Odyssée d’Ulysse est très riche en
enseignement et fournit nombreux renseignements aussi sur le comment était
constituée la société grecque dans l’Antiquité. Cette légende est si riche en
enseignement que je me demande par quel bout le prendre ;)… Mais au fait,
j’y pense ! mais si je laissais Eduard Petiška nous expliquer tous les mythes et les légendes qu’il a inséré
dans cet ouvrage ainsi que la vie et les croyances des grecs ? cela
permettrait à Sab de se reposer un peu ;p, et à vous d’être actif pour
adapter ces explications à ce que vous connaissez maintenant des aventures d’Ulysse…
Allez, j’ajoute sous ma signature le dernier chapitre du livre que ses auteurs
ont nommés : « Les Grecs » !
Bonne lecture !
Bisous,
@+
Sab
Au-dessus du paysage
montagneux de la Grèce, le ciel est d’un bleu éclatant et ressemble à la
surface infinie de la mer voisine. Il y a vingt-cinq siècles, le ciel était de
la même couleur, mais dans le pays la vie était bien différente de ce qu’elle
est aujourd’hui.
Dans ce temps-là, il y avait
des endroits où les personnages des dieux et des héros devenaient
vivants : les théâtres.
Essayons d’imaginer une visite
à un théâtre de la Grèce antique.
Nous sommes au cinquième
siècle avant notre ère. Le soleil brille, et c’est heureux car le théâtre est
en plein air. Mais nous devons nous dépêcher, car bien que les gradins puissent
contenir dix-sept mille personnes, une foule de spectateurs se pressent depuis
les premières heures de la matinée sur la route qui conduit au théâtre. Il nous
faut de l’argent, car l’entrée coûte deux oboles. Mais si nous étions pauvres
et n’avions pas assez d’argent pour payer, nous pourrions entrer et assister à
la représentation gratuitement, et nos places seraient payées par l’Etat.
Nous mêlant à la foule qui se
hâte, nous pénétrons dans le théâtre par une grande voûte de pierre. On ne se
croirait pas du tout dans un théâtre comme on en connaît aujourd’hui, mais
plutôt dans un stade en plein air.
Les gradins sont construits à
flanc de colline, et forment un demi-cercle autour de la scène. La voûte par
laquelle nous sommes entrés débouche au centre, dans une zone que les anciens
Grecs appelaient l’orchestre, et où la compagnie théâtrale se rassemblait
pendant le spectacle. Les gradins s’élèvent tout autour, formant une sorte de
gigantesque escalier. Les bancs sons larges et ne comportent pas d’accoudoirs.
Seuls ceux du premier rang en comportent, ils sont réservés aux prêtres, aux
personnages importants et aux invités de marque. Ce premier rang n’est pas
encore occupé, mais le reste du théâtre est rempli pratiquement jusqu’à la
dernière place. Le soleil projette une lumière crue. Beaucoup de spectateurs
s’en protègent en portant des chapeaux à larges bords. Ils essuient la sueur
qui coule sur leurs fronts et les conversations font un bruit semblable à celui
dur ressac.
Où allons-nous nous
asseoir ? Peut-être ici, près de cet homme barbu assis au sixième
rang ? Il porte un chiton de cérémonie à longue manches. Ce vêtement
ressemble à une grande chemise dont les plis amples lui tombent jusqu’aux
chevilles. L’homme est silencieux et regarde en bas, en direction du premier
rang. Nous lui demandons ce qu’on joue aujourd’hui, et il est surpris de
constater que nous ne le savons pas. C’est « Œdipe-Roi », la pièce de
Sophocle. Il dit qu’il connait bien la pièce, qu’il l’a déjà vue et qu’il est
très impatient de la revoir.
Les invités de marque arrivent
à présent, et remplissent la première rangée. Le théâtre est plein maintenant,
y compris les places les plus éloignées qui sont occupées par les esclaves. La
pièce va certainement bientôt commencer.
Le proscenium, c’est-à-dire la
scène, qui se dresse juste derrière l’espace semi-circulaire de l’orchestre, ne
ressemble pas non plus à une scène de théâtre moderne. C’est une construction
de pierre, large, mais pas profonde du tout. Trois entrées débouchent de
l’arrière de la construction sur l’endroit où se jouent les pièces. Le fond est
recouvert d’un décor simulant un palais, comme le veut la pièce que l’on
représente aujourd’hui. On peut tout voir très facilement, car il n’y a pas de
rideau. Dans un instant, l’acteur principal va faire son entrée par la porte
centrale. Le second et le troisième acteurs, eux, pénétreront par les deux
entrées latérales.
Les acteurs sont au nombre de
trois, et pas plus. Ils alternent sur scène et jouent tous les rôles, d’hommes
et de femmes. Quand ils doivent changer de rôle, ils se retirent un instant
derrière la scène et changent rapidement de costume. Bien sûr, un certain
nombre d’autres personnages apparaissent aussi sur scène, mais ils ne prennent
jamais la parole. Heureusement, il n’est pas très difficile de changer de
costume, comme ce l’est de nos jours. Et en plus, les acteurs n’ont pas à se
maquiller : ils jouent le visage recouvert de masques, et ces masques sont
faits selon des règles bien précises. Pour une tragédie par exemple, on utilise
des masques différents de ceux qu’on utilise pour une comédie.
Les acteurs sont prêts
maintenant, chacun devant la porte qu’il empruntera pour entrer sur scène. Et,
rassemblés devant l’entrée de l’orchestre, cachés aux regards de l’assistance,
les membres du Chœur attendent eux aussi. Le Chœur, par ses chants, révélera à
l’assistance les éléments de l’intrigue qu’elle ne pourrait connaître par l’intermédiaire
des acteurs eux-mêmes.
Sophocle, qui écrivit cette
tragédie « Œdipe-Roi », écrivit un grand nombre d’autres tragédies.
Lui et son prédécesseur Eschyle forment avec son successeur Euripide le célèbre
« trio » des dramaturges grecs. Dans leurs pièces, on rencontre à peu
près tous les personnages dont nous avons parlé dans ce livre. Mais avant que
ces mythes et ces légendes soient ainsi représentés sur scène, les gens se les
racontaient près de leurs feux de camp ou quand ils faisaient paître leurs troupeaux.
Les aèdes aveugles les chantaient souvent au cours des repas et de cérémonie,
bien avant que personne ait songé à les écrire.
Quelques-uns de ces récits
nous sont parvenus grâce à l’œuvre du plus grand des poètes grecs, Homère. Il
écrivit un long poème à propos des voyages d’Ulysse, l’Odyssée, et un poème sur
la guerre de Troie, l’Iliade.
Pendant que nous parlions, la
représentation a commencé. Le roi Œdipe est entré en scène avec un serviteur et
un prêtre de Zeus. Comme la scène n’est pas profonde, les acteurs ne sont pas
groupés, mais se tiennent sur un rang face au public. L’aspect de cette scène
et des acteurs qui l’animent est un motif que l’on retrouve souvent sur les
vases grecs.
Œdipe attend Créon, qu’il a
envoyé consulter l’oracle de Delphes. Le Destin dont les Grecs pensaient qu’il
était plus puissant que les dieux, va s’accomplir. L’assistance est devenue
silencieuse. Aujourd’hui, les spectateurs ne taperont pas du pied, ne
siffleront pas et ne feront pas claquer leur langue, comme ils le font lorsque
la pièce ne leur plaît pas. Celle-ci est une pièce sérieuse, tragique même,
elle parle des forces obscures et mystérieuses qui gouvernent les vies des
hommes. Aux yeux des Grecs de l’antiquité, il y avait beaucoup de ces forces
mystérieuses. A cette époque beaucoup de choses ne pouvaient être expliquées
rationnellement, et ce que les gens ne comprenaient pas, ils pensaient que c’était
l’œuvre de quelque puissance mystérieuse.
Chaque fois que les hommes se
trouvaient en face d’un phénomène inexplicable, ils inventaient des forces
mystérieuses, des êtres énigmatiques, des monstres, des nymphes ou des dieux.
Mais les monstres ressemblaient à des créatures réelles que les hommes connaissaient
bien. Et les nymphes et les dieux avaient des caractères humains. Même les
dieux se mettaient en colère, riaient, mangeaient et buvaient bien, avaient des
enfants et se battaient entre eux pour comparer leurs forces.
Chacun des dieux régnait sur
quelque chose. De la sorte, les Grecs adressaient toujours leurs sacrifices à
un dieu en particulier, en fonction du genre d’aide qu’ils sollicitaient. S’ils
désiraient connaître l’avenir, ils offraient un sacrifice à Apollon, le dieu
des augures et des prédictions. Ils priaient Démétrer, déesse de l’agriculture,
pour avoir une belle récolte.
D’après une vieille légende,
les dieux vivaient sur le mont Olympe, et ils étaient très nombreux. Les
anciens Romains avaient des dieux similaires, dont les noms sont en général
plus connus que ceux des dieux grecs.
Le plus puissant de tous les
dieux était Zeus (Jupiter pour les
Romains) ; il était le seigneur du ciel et de la terre, il régnait sur les
tempêtes, la foudre et le tonnerre. Le bonheur et le malheur, la renommée et
les richesses étaient accordés par Zeus.
La femme de Zeus était la déesse
Héra (Junon pour les Romains). Elle
était la plus puissante des déesses, la reine de l’Olympe.
La fille de Zeus s’appelait Pallas Athéna (Minerve pour les Romain).
Elle était la déesse de la sagesse, la protectrice des hommes sages et
courageux. Les Grecs lui avaient dédié la chouette.
Le fils de Zeus était Héphaïstos (Vulcain pour les Romains),
le dieu du feu et des forges. Il était supposé avoir des ateliers et ses forges
sous les volcans en éruption. Il était fort laid, mais c’était un merveilleux
artisan.
Apollon était, lui, le dieu de la lumière, des prédictions et de l’art
des poètes. Pour cette raison, il commandait aux neuf Muses, déesses moins
importantes qui chacune protégeait un art en particulier.
Artémis (Diane pour les Romain), la déesse de la chasse, était sa sœur.
Le dieu de la guerre, toujours
assoiffé de sang, était Arès (Mars
pour les Romains).
La belle déesse Aphrodite (Vénus des Romains) était
aussi une très importante divinité. Elle était la déesse de l’amour et de la
beauté, et le nom de son fils était Eros
(Cupidon chez les Romains).
Hermès (Mercure pour les Romains) était le messager des dieux. Il
était capable de transmettre rapidement les ordres de Zeus grâce à ses sandales
ailées qui le portaient partout où il voulait. Il était le projecteur des
commerçants et des voyageurs.
Le joyeux dieu du vin était Dionysos (Bacchus des Romains), Hestia (Vesta pour les Romains) était
la déesse du foyer. La déesse l’agriculture et de la fertilité du sol s’appelait
Déméter (Cérès chez les Romains).
Poséidon (Neptune chez les Romains) était le maître des mers, et avec
son trident il pouvait provoquer ou calmer les tempêtes. C’était le frère de
Zeus.
Le dieu Hadès (Pluton chez les Roomains) gouvernait le royaume des morts, le
monde souterrain. Hadès était aussi un frère de Zeus, et sa femme s’appelait Perséphone (Proserpine chez les
Romains).
En plus de ceux-là, les Grecs
avaient beaucoup d’autres dieux de moindre importance, et notamment Eole, qui régnait sur les vents, et Eos (que les Romains appelaient l’Aurore),
la déesse de l’aube. Les déesses de la vengeance, les Erinyes (appelées Furies par les Romains) était l’image de la
mauvaises conscience.
Nous pouvons savoir aujourd’hui
comment les Grecs imaginaient leurs dieux et leurs héros grâce aux statues qu’ils
en ont faites et surtout grâce aux vases peints qu’ils nous ont laissés.
Ces représentations, bien sûr,
ne son pas seulement celles des dieux et des héros, mais aussi celles d’animaux
légendaires de toutes sortes. Evidemment, des animaux semblables n’ont jamais
existé. Tous ces dragons et tous ces monstres à propos desquels les aèdes
composaient des chants pour les banquets et les théâtres, étaient en fait la
projection des nombreux désastres qui pouvaient frapper les populations en ce
temps-là. Le monstre qui crachait du feu et de la fumée était probablement un
redoutable volcan, une bête qui dévorait les hommes était peut-être une
épidémie terrible, et le terrifiant serpent de mer était sans doute une
inondation. Encore une fois, tout ce qui paraissait inexplicable était attribué
par les anciens à l’action de quelque créature mystérieuse.
Plusieurs légendes, d’autre
part, exprimaient les rêves et les désirs des gens. Depuis toujours l’homme a
rêvé de voler dans les airs comme les oiseaux. Il y parvenait dans la légende.
Il enfourchait Pégase, le cheval ailé, ou il se construisait des ales comme
Dédale.
De nos jours, on dit parfois d’une
personne à l’imagination débordante qu’elle vole sur les ailes de Pégase.
Pégase est devenu le symbole du rêve poétique.
Nous utilisons dans la
conversation beaucoup de phrases empruntées à la mythologie grecque, des
expressions comme : « le talon d’Achille », « le lit de
Procuste », « aussi fort qu’Hercule » (nom romain d’Héraclès)
Les exploits des héros nous
font revenir vers l’histoire des hommes. Ils connaissaient des aventures
extraordinaires mais ils n’étaient pas fameux seulement parce qu’ils faisaient
des choses surprenantes. Ils étaient fameux parce que leurs actions de bravoure
aidaient les gens ordinaires.
Dans l’antiquité, il fallait
de l’héroïsme pour tuer une bête sauvage, même si ce n’était pas un dragon. En
racontant les aventures de héros, les gens ne faisaient qu’ajouter à un fond de
vérité. Ils aimaient aussi envoyer, dans leurs récits, les héros combattre ces
forces mystérieuses contre lesquelles ils se sentaient eux-mêmes désarmés, dont
ils avaient peur et qu’ils se représentaient sous forme de monstre et de
dragons terribles. Prométhée et Héraclès se mesuraient même aux dieux,
Prométhée grâce à sa ruse et Héraclès grâce à sa force.
Les héros de la Grèce antique
donnaient aux gens courage et espoir. Les vieilles légendes disaient : si
vous voulez comprendre les choses qui vous dépassent, agissez comme les héros,
soyez courageux, soyez justes et vous réussirez dans vos entreprises.
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