19 janvier 2020

Georges Talray : Les Gladiateurs

Ah que coucou !

Suite à ce qu'en a dit Emile Zola dans son article auquel vous pouvez accédez via le billet : Emile Zola [Le Naturalisme au théâtre] : Les Exemples (la Tragédie) (sujet du billet du 17 janvier 2020) j'aimerais y apporter quelques "rectifications" que Zola, le connaissant, aurait faites lui-même si quelqu'un lui avait signalé de son vivant que les informations qui lui manquaient pour comprendre la pièce suivante :


accessible à la lecture et/ou au téléchargement en cliquant ici
Format : pdf, txt
Langue : Français

se trouvaient au début du premier acte (acte qu'il se serait plus que certainement empressé de lire)... peut-être que Zola, à ce moment-là, a été dérangé pour X, Y, Z raison et n'a pas pu porter toute l'attention nécessaire aux premières scènes. Et à sa décharge aussi, à son époque, ces explications se trouvaient majoritairement au dernier acte ;)... de quoi déstabiliser aussi le maître ;)...

Emile Zola est un véritable intellectuel = il est très ouvert d'esprit. Et cela me surprenait grandement de lire, et cela écrit de sa propre main, qu'il n'avait pas compris Spartacus (autre nom pour les Gladiateurs) malgré toute l'attention qu'il avait portée pour arriver à comprendre.

Revenons donc sur la dite-pièce mettant en scène les personnages suivants :


Durant toute cette lecture je n'ai pu m'empêcher de penser à la mise en scène de Rhinocéros (pièce d'Eugène Ionesco, dont vous pouvez avoir l'accès via le billet suivant : Eugène Ionesco : Rhinocéros paru le 7 octobre 2013 sur ce blog), non, plutôt, à ses jeux de lumières... et je me suis dit que si Rhinocéros avait été créé en cette fin du 19e siècle, cette pièce n'aurait jamais pu être comprise par son auditoire car elle nécessite des moyens techniques non connus à cette époque-là. Oui, je veux dire par là que Georges Talray, à ce niveau-là, était trop en avance sur son époque et, s'il n'y avait pas de baissement de rideau à la fin de chaque scène (qui devait alourdir le rendu scénique), le public devait "s'y perdre et ne rien comprendre"...

Cette pièce, de quoi parle-t-elle ?
Pour comprendre il faut d'abord savoir qui est Spartacus. Spartacus était un esclave-gladiateur qui, en 73 av. J.-C., avait mené une révolte qui ébranla l'Empire romain pendant 2 années. Il mourut en 71 av. J.-C (plus d'informations : Encyclopédie Universalis, Encyclopédie Larousse). A partir de là, Georges Talry a imaginé un père à Spartacus (Séphare, le prêtre d'Isis. Chose qu'on oubliait à l'époque de Zola : dans l'Empire romain les religions des peuples vaincus étaient acceptées, il n'y a donc rien d'étonnant là sauf peut-être dans la logique chronologique ;).), une épouse, un fils, une amante... d'où une tragédie...

Myrrha est amoureuse de Spartacus. Spartacus est amoureux de Myrrha. Mais à cause des manigances de son père qui veut se venger suite à la conquête territoriale romaine qui a transformé, d'après ce que nous comprenons, son pays en province romaine, Spartacus tombe aussi amoureux de Camille, la fille de Crassus.
Séphare, pour obliger son fils à accepter un hymen avec Camille (Spartacus aimant Camille ne veut pas qu'elle se trouve victime de la vengeance de son père contre Rome et victime de la révolte des esclaves qu'il prépare), les manipule tant et si bien que le jour de la révolte, ils se marient et s'enfuient de Capoue.
Cela dure les 3 premiers actes...
Pour le dernier on les retrouve en fuite devant les armées romaines menées par Crassus. Camille, nouvellement mère et voulant protéger son fils, le confie à Séphare. La pièce se termine et par la mort de Spartacus et par la folie de Camille que son père Crassus, trouve, un poignard à la main, à côté du corps de Spartacus... où se trouve aussi Séphare qui s'enfuie en promettant à Crassus que sa vengeance aura pour épée le fils de Spartacus et de Camille...

Comme vous le constatez, la mise en scène possible en cette fin du 19e siècle ne permettait déjà pas que le public comprenne aisément qu'entre la fin du 3e acte et le 4e acte il se soit passé deux années de combat avec les armées romaines (surtout que dans la première scène du 4e acte nous apprenons que Camille a confié son fils à un étranger que nous, public, comprenons être Séphare, au contraire des deux personnages sur la scène ;))... surtout que le 4e acte débute comme si Spartacus et Camille venaient de quitter Capoue ;)... de quoi, aussi, nous déstabiliser dans la compréhension...

Maintenant concernant "l'écriture" ;)... là, je partage l'avis d'Emile Zola. Georges Talry aurait dû écrire en prose et non tenter cet assemblage de vers mal montés (même pour notre époque où nous sommes moins strictes). Il a fait aussi l'erreur, dans les indications pour la mise en scène, de les faire comme s'il écrivait là, non une tragédie destinée à la scène, mais un roman ;)... oui, il fait des mentions que tel personnage va garder cette expression jusqu'à la fin de la scène ;)... bref, un style d'erreur, là, facilement "rectifiable".

Quoi qu'il en soit, cette pièce aurait mérité un meilleur succès que celle d'Henri de Bornier, La Fille de Roland dont vous pouvez avoir accès à partir du billet : Henri de Bornier : La Fille de Roland paru sur ce blog le 12 décembre 2019 et accessible directement en cliquant ici. Personnellement je trouve que Georges Talry, malgré ses erreurs, écrit bien mieux qu'Henri de Bornier... et que cette pièce est bien mieux faite que La Fille de Roland...

Donc n'hésitez pas à découvrir Les Gladiateurs qui, malgré tous ses défauts, vaut la peine d'être lue, elle ;)...

Bonne lecture !

Bisous,
@+
Sab

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