22 avril 2021

C.-M. Savarit : Elévations sentimentales

 Ah que coucou !

Ce recueil regroupe deux poèmes trop courts pour être présenté autrement qu'en plagiant l'auteur... donc, le mieux, c'est de vous les mettre en lecture au-dessous de ma signature...

Bonne lecture !

Bisous,
@+
Sab



Vous saurez


Je saurai malgré vous, enfant tendre et cruelle !

Montrer le but divin à ce front révolté

Et rendre à l’Eternel une grâce éternelle

Que blesse au cœur le mal des faciles bontés.


C’est en jetant la faulx dans les moissons mûries,

En égorgeant l’agneau bêlant dans les prés verts,

En écrasant la pomme et la grappe rougie

Que l’Homme peut aller soumettant l’Univers.


Puisqu’il vous faut, ma sœur ! connaître la souffrance,

Et prendre durement le dédain de ses pleurs,

Vous le saurez rugir sous les amours en fleurs ;

Car il n’est plus de cri qu’çù n’est plus d’espérance.


Vous saurez que la grâce est un dépôt sacré,

Qui destine aux rigueurs destinant à la gloire,

Et qu’on la doit mener aux suprêmes victoires

Sur des monts sanglotants de doux cœurs massacrés ;


Vous saurez que le sang est la sainte rosée

Dont, aux graves matins des grands jours de l’Esprit,

Pour l’accomplissement des hautes destinées,

Les pouvoirs sont lavés et les devoirs nourris…


– S’il vous fallait, enfant, des preuves moins hautaines,

Sous plus de pleurs montrés, moins de pure clarté

Comme à qui ne saurait les orages d’été

Qu’aux larmes ruisselant sur les épis des plaines,


Je pourrais entr’ouvrir, sous vos yeux adorés,

Ce gouffre de douleur et cette mer d’orage

Qui n’ignora le soc cruel d’aucune rage :

Mon cœur par le destin chaque jour labouré !


Vous y verriez marqués tous les doutes du monde,

Et, près des dents du Mal, les traces de vos mains ;

Et vous croiriez peut-être, en refermant ce sein,

Que de vos doigts légers les marques sont profondes…


– Mais ce jour est trop doux pour contempler le Mal.

Arrêtons-nous, ma sœur, aux fleurs de votre bouche ;

– Et ne découvre l’avenir les cris farouches

En moi scellés comme un coffre de métal.



*

***



Saint-Cloud


Et les hauts fûts de marbre, et les voûtes sculptées,

La Grâce et la Beauté sous le lierre abritées,

Les bassins et les fleurs et la source qui sourd

Et l’eau fraîche qui chante et pleure tour à tour.


Ah ! souviens-t’en avec les colombes farouches

Et la brise d’Eté qui maria, ce jour,

L’haleine des jasmins à celle de sa bouche ;

Et, suspendu, le temps ému de tant d’amour…


Votre main sur ma lèvre arrêtait mes prières ;

Vos yeux d’or et de nuit arrêtaient mes soupirs ;

Sous vos pas tressaillaient les terrasses entières ;

Et les bois de Saint-Cloud avaient de longs soupirs.


Et les bois de Saint-Cloud avaient la voix immense

Des nobles nations qui s’ouvrent aux bontés.

Et vous aviez le front d’une Reine de France

Par la Noblesse élue – et puis par la Beauté.


Et nous songions la Malmaison de feuilles ceinte,

Marly parmi les fleurs, Versailles aux jets d’eau :

Tous les sites revus avec des yeux nouveaux,

Et nous songions aussi que les grandeurs sont saintes.


Souvenez-vous ! et que nous étions plus purs, chère,

Qu’aux jours élyséens de nos premiers baisers,

Et que nos cœurs unis épandaient leur bonté

Comme une pluie au front des êtres de la Terre.


– Et le soleil, mourant sur la crête des pins,

Nous laissa délirants dans la nuit soupirante,

Jurant avec des pleurs que la vie indulgente

Distillerait pour nous des miels et des parfums...

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