Ah que coucou !
Texte trop court pour le proposer au format pdf. Vous le trouvez alors sous ma signature.
Bonne lecture !
Bisous,
@+
Sab
C’était
une vente aux enchères comme il y en a dans cette région pluvieuse
du nord-ouest du Pacifique, avec des gosses qui vous courent entre
les jambes et touchent à tout, des paysannes qui jettent leur dévolu
sur des lots de vieux pots à fruits, des robes d’occasion, et
peut-être quelques meubles pour la maison, tandis que les hommes
s’intéressent aux selles, au matériel de ferme et au cheptel.
La
vente aux enchères se tenait un samedi après-midi dans une espèce
de vieux bâtiment qui ressemblait à une grange-entrepôt, et
baignait dans une atmosphère de fin de fête. Il y avait dans
l’odeur qui y flottait toute l’histoire de l’Amérique.
Le
commissaire-priseur vendait les choses si vite qu’il était
possible d’acheter des trucs qui ne seraient pas en vente l’année
prochaine. Il avait de fausses dents qu’on entendait cliqueter
comme des sauterelles bondissant entre les mâchoires d’un
squelette.
A
chaque fois qu’un lot de vieux jouets était annoncé, les gosses
enquiquinaient leurs parents jusqu’à ce qu’on soit obligé de
les menacer du martinet pour qu’ils se taisent : « Fiche-moi
la paix ou tu auras les fesses si rouges que tu ne pourras pas
t’asseoir de huit jours ! »
Il
y avait toujours des vaches et des moutons, des chevaux et des
lapins, qui attendaient de nouveaux propriétaires, ou un fermier
qui, tout en se mouchant, considérait des poulets d’un air sombre.
C’était
chouette les après-midi d’hiver quand il pleuvait, car la salle de
ventes était couverte en tôle et une merveilleuse intimité
mouillée enveloppait alors toute chose.
Une
très vieille boîte, faite de verre poussiéreux et de longues
baguettes de bois jaune comme les moustaches d’un pionnier,
contenait des lots de bonbons si vieux qu’ils n’avaient plus
aucun goût. Le lot coûtait cinquante cents et les bonbons étaient
vraiment très vieux ; mais pour une raison que seul un gosse
peut comprendre, j’aimais les mâchonner. Donc, je me débrouillais
pour trouver vingt-cinq cents, cherchais un associé, et je finissais
par avoir ma douzaine de vieux bonbons. C’était en 1947.
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