Ah que coucou !
Cette lettre est si courte que vous la trouverez à la suite de ma signature.
Bonne lecture !
Bisous,
@+
Sab
A
M. l’Archevêque d’Auch, J. F. de Montillet.
Il
parut
sous votre nom, monsieur, en 1764, une Instruction
pastorale,
qui n’est malheureusement qu’un libelle diffamatoire. On s’élève,
dans cet ouvrage, contre le Recueil
des assertions
[Extrait
des assertions dangereuses et pernicieuses en tout genre que les
soi-disant jésuites ont, dans tous les temps et persévéramment,
soutenues, enseignes et publiées, etc.,
1762 ; 4 vol. in-12. (Ed.)],
consacré par le parlement de Paris : on y regarde les jésuites
comme des martyrs, et les parlements comme des persécuteurs [Nos
Pères vous avaient appris à respecter les jésuites, etc. p. 34 et
suiv. du mandement de M. d’Auch] ;
on y accuse d’injustice l’édit du roi qui bannit irrévocablement
les jésuites du royaume. Cette Instruction
pastorale
a été brûlée par la main du bourreau. Le roi fait réprimer les
attentats à son autorité ; les parlements savent les punir ;
mais les citoyens qui sont attaqués avec tant d’insolence dans ce
libelle, n’ont d’autre ressource que celle de confondre les
calomnies. Vous avez osé insulter des hommes vertueux que vous
n’êtes pas à portée de connaître ; vous avez surtout
indignement outragé un citoyen qui demeure à cent cinquante lieues
de vous : vous dites à vos diocésains d’Auch que ce citoyen,
officier du roi, et membre d’un corps à qui vous devez du respect
[page
12, 13 et 14 du libellé],
est un vagabond et un fugitif du royaume, tandis qu’il réside
depuis quinze années dans ses terres, où il répand plus de
bienfaits que vous ne faites dans votre diocèse, quoique vous soyez
plus riche que lui. Vous le traitiez de mercenaire dans le temps même
qu’il donnait
des secours généreux à votre neveu, dont les terres voisines des
siennes : ainsi vous couronnez vos calomnies par la lâcheté et
par l’ingratitude. Si c’est un jésuite qui est l’auteur de
votre brochure, comme on le croit, vous êtes bien à plaindre de
l’avoir signée ; si c’est vous qui l’avez faite, ce qu’on
ne croit pas, vous êtes plus à plaindre encore. Vous savez tout ce
que vos parents et tout ce que des hommes d’honneur vous ont écrit
sur le scandale que vous avez donné, qui déshonorerait à jamais
l’épiscopat, et qui le rendrait méprisable, s’il pouvait
l’être. On a épuisé toutes les voies de l’honnêteté pour
vous faire rentrer en vous-même. Il ne reste plus à une famille
considérable, si insolemment outragée, qu’à dénoncer au public
l’auteur du libelle, comme un scélérat dont on dédaigne de se
venger, mais qu’on doit faire connaître. On ne veut pas soupçonner
que vous ayez pu composer ce tissu d’infamies, dans lequel il y a
quelque ombre d’érudition ; mais, quel que soit son
abominable auteur, on ne lui répond qu’en servant la religion
qu’il déshonore, en continuant à faire du bien, et en priant Dieu
qu’il convertisse une âme si perverse et si lâche, s’il est
possible pourtant qu’un calomniateur se convertisse.