8 février 2020

Voltaire - Lettre pastorale à M l'Archevêque d'Auch

Ah que coucou !

Cette lettre est si courte que vous la trouverez à la suite de ma signature.

Bonne lecture !

Bisous,
@+
Sab


A M. l’Archevêque d’Auch, J. F. de Montillet.


Il parut sous votre nom, monsieur, en 1764, une Instruction pastorale, qui n’est malheureusement qu’un libelle diffamatoire. On s’élève, dans cet ouvrage, contre le Recueil des assertions [Extrait des assertions dangereuses et pernicieuses en tout genre que les soi-disant jésuites ont, dans tous les temps et persévéramment, soutenues, enseignes et publiées, etc., 1762 ; 4 vol. in-12. (Ed.)], consacré par le parlement de Paris : on y regarde les jésuites comme des martyrs, et les parlements comme des persécuteurs [Nos Pères vous avaient appris à respecter les jésuites, etc. p. 34 et suiv. du mandement de M. d’Auch] ; on y accuse d’injustice l’édit du roi qui bannit irrévocablement les jésuites du royaume. Cette Instruction pastorale a été brûlée par la main du bourreau. Le roi fait réprimer les attentats à son autorité ; les parlements savent les punir ; mais les citoyens qui sont attaqués avec tant d’insolence dans ce libelle, n’ont d’autre ressource que celle de confondre les calomnies. Vous avez osé insulter des hommes vertueux que vous n’êtes pas à portée de connaître ; vous avez surtout indignement outragé un citoyen qui demeure à cent cinquante lieues de vous : vous dites à vos diocésains d’Auch que ce citoyen, officier du roi, et membre d’un corps à qui vous devez du respect [page 12, 13 et 14 du libellé], est un vagabond et un fugitif du royaume, tandis qu’il réside depuis quinze années dans ses terres, où il répand plus de bienfaits que vous ne faites dans votre diocèse, quoique vous soyez plus riche que lui. Vous le traitiez de mercenaire dans le temps même qu’il donnait des secours généreux à votre neveu, dont les terres voisines des siennes : ainsi vous couronnez vos calomnies par la lâcheté et par l’ingratitude. Si c’est un jésuite qui est l’auteur de votre brochure, comme on le croit, vous êtes bien à plaindre de l’avoir signée ; si c’est vous qui l’avez faite, ce qu’on ne croit pas, vous êtes plus à plaindre encore. Vous savez tout ce que vos parents et tout ce que des hommes d’honneur vous ont écrit sur le scandale que vous avez donné, qui déshonorerait à jamais l’épiscopat, et qui le rendrait méprisable, s’il pouvait l’être. On a épuisé toutes les voies de l’honnêteté pour vous faire rentrer en vous-même. Il ne reste plus à une famille considérable, si insolemment outragée, qu’à dénoncer au public l’auteur du libelle, comme un scélérat dont on dédaigne de se venger, mais qu’on doit faire connaître. On ne veut pas soupçonner que vous ayez pu composer ce tissu d’infamies, dans lequel il y a quelque ombre d’érudition ; mais, quel que soit son abominable auteur, on ne lui répond qu’en servant la religion qu’il déshonore, en continuant à faire du bien, et en priant Dieu qu’il convertisse une âme si perverse et si lâche, s’il est possible pourtant qu’un calomniateur se convertisse.

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