Ah que coucou !
Nouvelle trop courte pour la proposer au format pdf. Vous pouvez la lire au-dessous de ma signature.
Bonne lecture !
Bisous,
@+
Sab
Il
y a quelques années, pendant la Seconde Guerre, j’habitais dans un
motel, à côté d’une usine d’empaquetage Swift, ce qui est une
façon aimable de dire un abattoir.
On
y tuait des porcs, heure après heure, jour après jour, semaine
après semaine, mois après mois, jusqu’à ce que le printemps
fasse place à l’été et l’été à l’automne, et quand on les
égorgeait, on entendait une longue plainte aiguë, semblable à un
air d’opéra chanté par un broyeur d’ordures.
Je
ne sais pas pourquoi, mais j’ai pensé que le fait de tuer tous ces
porcs n’était pas étranger au fait de gagner la guerre. Sans
doute parce que tout le reste aussi y a concouru.
Pendant
les deux premières semaines que nous avons passés dans ce motel,
cela m’a vraiment perturbé. Tous ces cris étaient difficiles à
supporter. Puis je m’y suis habitué, et c’est devenu un bruit
parmi d’autres : le chant d’un oiseau dans l’arbre, ou la
sirène de midi, ou bien le bruit de la radio ou des camions sur la
route, ou encore des voix humaines, ou l’appel pour manger, etc.
Tu
iras jouer après dîner.
Quand
les porcs ne criaient pas, on entendaient le silence comme si une
machine s’était cassée.
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