Ah que coucou !
Non, aujourd'hui pas de e-book ;)... mais un petit rappel historique sur un fait bien étrange survenu dans la ville de Bowling Green (USA, Kentucky) courant 1876. Pourquoi ? peut-être pour vous rappeler que nous ne devons pas nous précipiter avant de juger quoi que ce soit, même quand nous en sommes les témoins privilégiés... il faut toujours avoir l'esprit clair pour réfléchir et non pas être "sous pression" (surtout médiatique) où il est facile de nous manipuler et de nous faire croire des énormes bêtises.
Les faits :
Fin du 19e siècle, la population locale de Bowling-Green est étonnée de découvrir une plante qui se met à pulluler. Cette plante est comestible et ceux qui y ont goûté décrivent son goût comme étant un végétal avec un goût de viande (surtout que la dite-plante est de couleur chaire).
Se conservant mal, il est difficile de la transporter à l'Est, dans un laboratoire afin de savoir d'où elle vient et qu'est-ce que c'est réellement...
Cette nouvelle a défrayé les chroniques aux USA pendant un temps... et lors de la préparation de l'Exposition universelle de 1878 elle arrive sur le sol français.
Vrai ou faux ? chacun (en France, parmi ceux qui en a entendu parler) a sa propre idée... jusqu'à ce qu'arrive le contenu de l'article paru dans le Scientific American du 1er juillet 1876 qui explique scientifiquement l'étrangeté de la chose... c'est ce que nous propose, dans son article, de nous narrer Eugène Brunel (article ci-dessous).
Bonne lecture !
Bisous,
@+
Sab
La
pluie de viande du Kentucky
Une
grande rumeur s’est faite il y a quelques mois en Amérique autour
d’un phénomène étrange, qui a été rapporté par plusieurs
journaux européens, la plupart en le considérant comme une
invention fantaisiste.
Le fait
était constant et attesté par de nombreux témoins, qui avaient
mangé et même savouré la viande tombée du ciel, dans une large
plaine, aux environs de Bowling-Green (Etat du Kentucky), qui en fut
littéralement couverte.
Cette
chair, que ceux qui l’ont trouvée et mangée on assimilée aux
chairs très cuites de la tortue, de la grenouille ou du poussin, ou
encore à celle de la jeune caille (ce qui ferait que la caille qui
tombe toute rôtie dans la bouche n’est pas un conte de fées),
cette chair, disons-nous, peut-être, d’après les naturaliste
américains qui l’ont examinée, plus scientifiquement définie
comme une substance gélatineuse très homogène et douée de
propriétés sapides et nutritives.
Recueillie
fraîche tombée, elle a
l’aspect d’une gelée de viande incolore ou légèrement colorée
d’une teinte jaune ou rosée, carminée, pour mieux dire. Mais
rapidement dépouillée de ses principes aqueux, elle devient plus
concrète, se racornit et finit par se réduire en poussière et
disparaître entièrement.
Celle
qui a été apportée à New-York a été conservée dans la
glycérine, mais on s’accorde à reconnaître que ce moyen n’a
pas été assez efficace pour la préserver de toute altération, et
qu’en conséquence, le monde savant n’a pas été à même
d’étudier cette curieuse substance dans son état natif complet.
Qu’est-ce
don que cette manne nouvelle, d’origine mystérieuse et d’une
nature si incontestablement précieuse, que sa récolte, en avril
dernier, a été absorbée en quelques heures, avec une avidité
instinctive, tant par les hommes que par les animaux, quoiqu’elle
couvrit une large surface de plusieurs milles de longueur dans la
plaine de Bowling-Green ?
Telle
est la question qui a préoccupé bien des esprits depuis trois mois,
et dont la solution nous arrive par le Scientific
American
du 1er
juillet courant :
En
1537... (sans remonter au déluge ou seulement à Moïse),
l’alchimiste Paracelse lorsqu’il poursuivait la recherche de son
élixir de
longue vie,
trouva un jour une masse végétale d’une apparence étrange à
laquelle il attribua, non sans raison, des vertus précieuses ;
car cette substance par lui découverte et baptisée du nom de
Nostoc, est non seulement comestible, mais encore médicale et même
souveraine contre les scrofules et les ulcères.
Depuis
Paracelse, le Nostoc est resté ce qu’il était : une
production spontanée de la nature que l’homme n’a pas réussi ou
n’a pas cherché (dans ce cas à tort) à développer.
Le
Nostoc appartient à la famille des conferves [Terme
de botanique – Nom générique de certaines plantes aquatiques de
la famille des algues qui sont capillaires, simples ou cloisonnées.
(Source : Le
Littré)],
et la botanique ne compte pas moins de cinquante espèces ; deux
ou trois ont été classée à l’état de fossile.
Les
conferves consistent plus ou moins sensiblement en une masse
transparente, gélatineuse, tenue par des filaments tubulaires
contenant la substance séminale, ce qui constitue pour ces végétaux
une grande facilité de reproduction, par pur propre division aussi
bien que par la germination de la semence.
La
semence, dégagée de la substance gélatineuse, lorsque celle-ci se
dessèche, est emportée par le vent, qui la dépose souvent très
loin de son origine. Si elle tombe dans un lieu favorable à sa
germination, elle s’y développe avec une extrême rapidité, comme
toutes les existences éphémères. C’est ainsi qu’une nuée de
semence de Nostoc s’abattant dans la vallée de Bowling-Green et
recevant une pluie fécondante, a produit cette abondante récolte,
que les habitants du pays ont pu ainsi naturellement croire tombée
du ciel.
La
nouvelle manne a été, en effet, identifiée par le docteur Brandeis
comme étant le Nostoc
carneum,
nostoc couleur de chair, qui se trouve en abondance dans les Indes
orientales (d’où celui-ci est peut-être venu à travers les mers)
et en Chine où il est un des principes constituants de la soupe aux
nids d’hirondelles.
Quoi
qu’il en soit, la production du Nostoc
carneum
aussi considérable sur un même point, où il ne croît pas
ordinairement, mais où il a été la conséquence d’un phénomène
météorologique, ne reste pas moins un fait digne de remarque,
puisque ‘est probablement la première fois qu’il se renouvelle
en telle abondance depuis Moïse, qui put croire sincèrement la
manne tombée du ciel à sa prière, puisque trois mille ans plus
tard on convaincrait encore difficilement la plupart des convives du
festin du Kentucky que leur manne a une autre origine.
Eugène
BUREL.
Exposition universelle illustrée, n°67, aout 1876.
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