Ah que coucou !
Pour
ceux qui n’en ont jamais encore entendu parler, il s’agit d’une
biographie un peu spéciale… Oui, l’Histoire retient le nom de
ceux qui ont joué un rôle plus ou moins profitable à l’Humanité.
Parmi eux il y a de grands personnages (plus ou moins connus et/ou reconnus, je pense ici à tous les héros qui sont restés dans l'ombre) qui ont œuvré pour le bien
de tous, au contraire de certain (nous pensons tout de suite, nous
les Occidentaux, à Staline et à Hitler qui ont été les
responsables principaux de nombreuses déportations et de crime
contre l’Humanité même si Staline, faisant parti du camp des
vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, n’a jamais été condamné
devant un tribunal pour un tel crime, à notre plus grande honte à
nous tous, envers toutes ses victimes).
Justement,
en parlant d’Adolf Hitler, celui-ci n’aurait jamais fait réaliser
de telles horreurs s’il n’avait pas eu de soutien, plus ou moins
influent, dont celui, entre autre, d’Heinrich Himmler. Mais voilà,
être le complice de tels crimes n’est pas sans laisser de traces
sur l’organisme et Heinrich Himmler souffrait de crampes horribles
dont la cause principale était : nerveuse. Parce qu’à
l’époque la neurologie moderne était encore à ses balbutiements
après plusieurs siècles (voir le site : TPE Neurologie, la
page Histoire et Connaissance en neurologie),
les médecins qu’Himmler a appelés étaient inefficaces… c’est
là qu’un masseur finlandais, né en Estonie, dont le nom est Félix
Kersten, qui avait choisi de vivre en Hollande, intervient… non pas
de son plein gré car il connaissait déjà la réputation cruelle
d’Heinrich Himmler, mais par promesse à l’un de ses précieux
amis qui, pour des raisons d’autorisation commerciale, avait besoin qu’Himmler
reste « attentif », administrativement parlant, à toutes
les demandes du secteur privé de la potasse.
Félix
Kersten n’avait pas l’intention de soigner bien longtemps le
Reichsführer Himmler, qui le dégoûtait. Mais, de nationalité
finlandaise, sa position d’officier de réserve dans l’armée
finnoise, à la veille de la guerre et pendant la guerre, l’y força
(Himmler semblant se laisser aller à toutes sortes de confidence
lorsqu’il était seul avec lui, le gouvernement finlandais, via son
Ambassadeur à Berlin, jugeant qu’aucun autre pouvait être mieux
placé que lui pour soutirer des renseignements...). C’est ainsi
que s’installa, non pas un rapport d’amitié étroite entre les
deux hommes, mais d’espionnage très étroit de ce IIIe
Reich… malgré, toutefois, d’énormes suspicions grandissantes de
la Gestapo (en la personne de Reinhard Heydrich et de son successeur Ernst Kaltenbrunner) qui va jusqu’à
vouloir arrêter Félix Kersten pour avoir donné ses soins à des
Juifs… Félix Kersten s’en sort, non pas grâce à Himmler, qui
avait été éloigné de Berlin juste à ce moment-là, mais parce
que la Gestapo avait oublié qu’il n’était ni allemand ni
hollandais (la Hollande étant occupée à ce moment-là), mais
finlandais (dont la souveraineté, en tant que "alliés de l'Allemagne" a été
« respectée » par les Allemands)… toutefois, celle-ci ne fut pas la seule et dernière tentative et Félix Kersten devait de plus en plus se méfier au fur et à mesure que l'étau de la Gestapo se resserrait dangereusement autour de lui... surtout après que la Finlande ait signé un armistice avec la Russie en abandonnant ainsi les forces de l'Axe contre lesquelles elle a même déclaré la guerre...
C’est
donc sur cette période dans la biographie de Félix Kersten que
Joseph Kessel s’est concentrée et que je vous propose aujourd’hui :
accessible
à la lecture / téléchargement en cliquant ici
Format :
pdf
Langue :
Français
Parmi
les « confessions » qu’Heinrich Himmler faisait à son
médecin, je souhaite pointer du doigt celle ci-dessous. En effet,
pendant de nombreuses années je me suis toujours demandée comment
il se faisait que des hommes et des femmes puissent, consciemment,
accepter leur rôle de bourreaux (que ce soit sous le IIIe
Reich, que ce soit sous Staline, sous Mao, sous Polpote, sous l’influence d'une appartenance à un parti politique, à un
bande criminelle organisée, etc.). Himmler, dans ce passage, nous
explique comment il recrutait les S.S. (soldats et sous-officiers)
qui devaient faire ce très sale boulot :
Habitué qu’il
[Himmler] était à parler sans retenue devant Kersten quand le docteur le
soignait, et la vanité professionnelle aidant, Himmler reprit son
intonation de cuistre souverain.
- Voici comment
les choses sont calculées, dit-il. Un soldat S.S. ou un
sous-officier commet une infraction au règlement, – désobéissance
à un supérieur, retard pour rentrer de permission, absence illégale
ou autre délit de ce genre. Bien. Il passe devant un conseil de
discipline. Là on lui propose l’alternative : être puni et
voir cette punition inscrite sur son carnet militaire, ce qui lui
enlève toute chance d’avancement, ou aller dans un camp de
concentration à titre de gardien, avec tous privilèges et libertés
à l’égard des prisonniers. Il choisit la dernière proposition.
Bien. Peu après son arrivée dans le camp son chef lui demande –
remarquez bien, n’ordonne pas, mais demande seulement – de
torturer, puis d’exécuter un détenu. En général, le nouvel
arrivant se révolte. Alors le chef lui donne le choix : être
renvoyé à son corps, subir une peine disciplinaire aggravée ou
accomplir la besogne. En général, le soldat préfère rester. La
première fois qu’il fait souffrir et tue un homme, c’est à
contrecœur. La deuxième expérience est plus facile. Finalement, il
y prend goût et commence à se vanter de son ouvrage. Alors, comme
il est encore trop tôt pour que ces choses deviennent publiques, il
est liquidé à son tour et remplacé par un autre.
Joseph Kessel,
Les Mains du miracle,
Chapitre 8 :
Les Témoins de Jéhovah, point 4.
De
quoi donner des frissons dans le dos…
Et
ceci rejoint le témoignage dans le livre Treblinka
de Jean-François Steiner (question avenir des bourreaux après avoir effectué leur ouvrage, décidée par les dirigeants nazis), que j’ai lu il y a longtemps et que je
ne relirai pas : cet ouvrage, très intéressant et instructif
certes, mais trop bouleversant. Après sa lecture on ne peut pas en
ressortir indemne... Toutefois je conseille à ceux qui ne l'ont pas lu encore, de le lire car c'est un livre qu'il faut connaître...
Bonne
lecture !
Bisous,
@+
Sab
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